Les États-Unis ont musclé mercredi leur aide militaire à l'Ukraine et leurs sanctions financières contre les séparatistes pro-russes, mais se refusent toujours à fournir les armes «létales» réclamées par Kiev.

Au même moment, le Fonds monétaire international approuvait un nouveau plan d'aide de 17,5 milliards de dollars en faveur de l'Ukraine, dont l'économie s'est effondrée. «Le programme est ambitieux et comporte des risques, provenant notamment du conflit dans l'est du pays», a reconnu Christine Lagarde, directrice générale de l'institution.

La Maison-Blanche a salué le programme d'aide du FMI et les réformes entreprises par Kiev pour «transformer» son économie.

Les mesures décidées par Washington ont été annoncées à l'issue d'un entretien téléphonique entre le vice-président américain Joe Biden et le président ukrainien Petro Porochenko.

Les États-Unis ont gelé les avoirs sur leur sol de huit responsables de la région séparatiste de Donetsk, d'une banque russe active dans la région de Crimée, et de trois anciens proches du président ukrainien déchu Victor Ianoukovitch.

Washington va également livrer à l'Ukraine pour 75 millions de dollars d'équipements militaires «non-létaux», dont des drones d'observation Raven, des radars anti-mortiers ou des outils de vision nocturne, selon un haut responsable américain.

Ils vont également livrer 230 véhicules de transport Humvee, dont 30 blindés, qui doivent être acheminés «dans les prochaines semaines».

Dans son entretien avec M. Porochenko, le vice-président américain a «noté avec inquiétude les violations en cours du cessez-le-feu» en Ukraine «par les séparatistes soutenus par la Russie», et «leur refus d'accepter le libre accès» des observateurs de l'OSCE sur le territoire qu'ils occupent.

M. Porochenko de son côté a remercié les États-Unis pour cette aide supplémentaire, selon la présidence ukrainienne. Mais le matériel militaire promis par les États-Unis ne comprend pas les armes demandées par Kiev, comme par exemple des petits missiles portatifs anti-blindés.

Plusieurs hauts responsables américains, dont le secrétaire à la Défense Ashton Carter et le général Martin Dempsey, chef d'état-major inter-armées, se sont montrés favorables à la livraison de ces armes. Elles ne permettraient pas de changer vraiment le rapport de forces sur le terrain, reconnaissent beaucoup de responsables américains, mais seraient un signal fort en direction de Kiev, argumentent-ils.

Mercredi, Josh Earnest, porte-parole de M. Obama, a laissé entendre que l'exécutif ne penchait pas en faveur d'un tel choix, mettant en avant les risques que cela pouvait représenter. «Le président est conscient du fait qu'il n'y a pas de solution militaire à ce problème», a-t-il déclaré, soulignant en particulier que fournir des armes aux Ukrainiens «pourrait provoquer une escalade de la part des Russes et des séparatistes qu'ils soutiennent».

«Solutions pour la désescalade» 

Plusieurs alliés des États-Unis, comme l'Allemagne et la France, restent aussi opposés à l'armement de l'Ukraine, par crainte de provoquer une escalade militaire incontrôlable.

«Notre position n'est pas de livrer des armes mais des solutions pour la désescalade», a rappelé le Premier ministre français Manuel Valls dans une interview publiée mercredi par le quotidien polonais Gazeta Wyborcza.

La chancelière allemande Angela Merkel a illustré à sa manière le délicat équilibre que s'efforcent de trouver les Européens et les Américains face à la Russie.

Elle a décliné l'invitation du président russe Vladimir Poutine à assister à la grande parade militaire du 9 mai à Moscou célébrant les 70 ans de la victoire des Alliés sur l'Allemagne nazie.

Mais elle «a proposé au président Poutine de déposer ensemble le 10 mai une gerbe sur la tombe du soldat inconnu à Moscou», proposition «acceptée» par M. Poutine, selon un porte-parole du gouvernement allemand.

La Suède est aussi venue à l'aide de l'Ukraine avec l'octroi d'un prêt de 100 millions de dollars à Kiev, a annoncé le président Porochenko.

Moscou de son côté a condamné les nouvelles sanctions financières américaines, les qualifiant de «provocation politique».

«Nous ne voyons aucune logique expliquant une telle décision, sachant que Washington a déclaré vouloir le retour d'une situation normale», a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov.

Moscou dément toute implication dans ce conflit qui a fait plus de 5600 morts depuis près d'un an.