Des attentats, dont une double attaque suicide sur un marché bondé, ont ensanglanté le dernier vendredi du mois sacré du Ramadan au Pakistan, faisant au moins 50 morts et 170 blessés dans trois villes du pays.

Un marché bondé de Parachinar, à la frontière afghane, a été frappé en pleine heure de pointe par une double explosion, alors que les chalands s'affairaient à l'approche des festivités de l'Aïd, qui marquent la fin du Ramadan.

Le double attentat dans cette ville majoritairement chiite, capitale de la Zone tribale de Kurram, a fait au moins 37 morts et plus de 150 blessés, selon un dernier bilan officiel. Un précédent bilan des autorités locales faisait état de 13 morts.

Une première explosion a retenti en fin d'après-midi, a indiqué Nasrullah Khan, un haut responsable local.

«Quand les secours se sont précipités sur le site pour aider les blessés, il y a eu une deuxième explosion», a-t-il précisé.

Les deux explosions sont dues à des kamikazes, a déclaré à l'AFP Basir Khan Wazir, le représentant du gouvernement à Parachinar.

«Nous avons transporté 15 blessés à Peshawar, mais 15 ou 20 blessés sont dans un état critique», a-t-il déclaré, estimant que le bilan pourrait encore s'aggraver.

Ce double attentat n'a pas été revendiqué dans l'immédiat.

Le premier ministre Nawaz Sharif a appelé à un renforcement de la sécurité à travers le pays, dénonçant une attaque «atroce».

Les marchés de cette ville reculée, proche de la frontière afghane, ont déjà été visés par deux attentats majeurs cette année, qui avaient fait 22 et 24 morts.

Depuis, «les bazars sont protégés par des barrières, et les véhicules n'y sont pas autorisés», a indiqué Sajid Hussain Turi, un élu local propriétaire du marché visé vendredi.

La zone de Kurram, connue pour les heurts récurrents entre chiites et sunnites, est l'une des sept Zones tribales qui sont gouvernées selon des lois et coutumes spécifiques.

Les musulmans chiites, représentant environ 20% de la population pakistanaise, sont considérés comme des hérétiques par nombre de groupes armés pakistanais d'obédience sunnite, qui les prennent régulièrement pour cible.

La police visée

Un premier attentat à la mi-journée avait fait au moins 13 morts devant un QG de la police à Quetta, capitale du Baloutchistan, province instable du sud-ouest.

L'attentat, visant un véhicule de police a été revendiqué à la fois par les jihadistes du groupe État islamique (EI) et par Jamaat-ul-Ahrar, une faction du mouvement taliban pakistanais (TTP).

Les deux organisations ont donné des détails divergents, selon SITE, un centre américain spécialisé dans la surveillance en ligne des mouvances extrémistes.

L'EI Province de Khorasan, la branche du groupe au Pakistan et en Afghanistan, a revendiqué plusieurs attentats ces derniers mois au Baloutchistan, parfois en alliance avec des groupes islamistes locaux, dont le Jamaat-ul-Ahrar.

L'explosion a fait 13 morts et une vingtaine de blessés, a indiqué Fareed Ahmed, médecin en chef de l'Hôpital civil.

Parmi les morts figurent neuf policiers, selon le chef de la police de la ville, Abdul Razzak Cheema.

Cette région riche en ressources naturelles, mais marginalisée est stratégique, car c'est là que débouche le corridor économique sino-pakistanais (CPEC), un ambitieux projet de liaison routière, énergétique et de télécommunications ralliant la Chine à la mer d'Arabie via le port en eaux profondes de Gwadar au Baloutchistan.

Au cours d'une troisième attaque, des inconnus à moto ont abattu quatre policiers attablés dans un restaurant de la grande ville portuaire de Karachi (sud), selon Asif Bughio, un responsable de la police locale.

Le Pakistan est aux prises de longue date avec des groupes armés, notamment dans les zones tribales du nord-ouest, où une myriade de mouvements islamistes armés opéraient en toute impunité jusque récemment, ainsi qu'au Baloutchistan, où, outre les islamistes, les forces de sécurité font face à une insurrection séparatiste.

La sécurité s'est nettement améliorée dans le pays, après une offensive militaire d'envergure lancée, notamment dans les zones tribales, en réaction au pire attentat qu'ait connu le pays, un assaut des talibans contre une école gérée par l'armée à Peshawar. Cette attaque fin 2014 avait fait plus de 150 morts, en majorité des élèves.