Des jeunes mariés, des soldats et des enfants se pressaient à Pyongyang pour rendre hommage à leurs dirigeants jeudi, anniversaire de la naissance de Kim Jong-Il, le père du numéro un actuel comme du renégat en exil assassiné en Malaisie.

Les Nord-Coréens défilaient sans discontinuer sur la colline Mansu, dans le centre de Pyongyang, où une statue de bronze géante de Kim Il-Sung, père fondateur du régime et de la dynastie du même nom, veille sur la capitale, le bras tendu.

À son côté trône une effigie de son héritier Kim Jong-Il, dont le plus jeune fils Kim Jong-Un dirige à son tour la Corée du Nord. Son aîné tombé en disgrâce, Kim Jong-Nam, demi-frère de l'homme fort de Pyongyang, a été assassiné lundi à l'aéroport de Kuala Lumpur, un crime imputé par Séoul à des espionnes nord-coréennes.

Tout au long de la journée, ce sont des milliers de personnes qui ont défilé pour déposer des bouquets ou paniers de «Kimjongilia», fleurs rouges qui tiennent leur nom du dirigeant défunt, et s'incliner.

«Le grand président Kim Il-Sung et le grand leader Kim Jong-Il seront toujours parmi nous», pouvait-on lire sur les rubans rouges ornant les paniers.

Kim Myong-Hui, retraitée de 51 ans, explique à l'AFP qu'elle confectionne les siens elle-même. «C'est l'anniversaire de notre grand leader. Nous venons sur la colline pour lui rendre hommage chaque année, car le camarade Kim Jong-Il vit éternellement dans le coeur du peuple».

La presse officielle nord-coréenne n'a fait aucune mention du meurtre de Jong-Nam et il est vraisemblable que la plupart des participants ignorent tout de cet événement.

Beaucoup sont venus en famille, car la journée «de l'étoile brillante» débute deux jours de fête. C'est un moment privilégié pour se marier.

«Poing ferme»

«Nous sommes venus montrer en premier au grand président et au grand camarade que nous nous sommes mariés», dit Kang Un-Chol, 31 ans. Comme sa nouvelle épouse Ri Hyang-Sun, 27 ans, il arbore des badges à l'effigie des deux Kim.

La Corée du Nord célèbre l'anniversaire de Kim Jong-Il le 16 février, mais les récits divergent sur le lieu et la date de sa naissance.

Officiellement, il est venu au monde en 1942 sur les pentes du mont Paektu, lieu de naissance spirituel de la nation coréenne et jeudi serait donc le 75e anniversaire de cet événement.

Mais d'après des historiens indépendants, il est en fait né un an plus tôt en Union soviétique où son père Kim Il-Sung vivait en exil. Moscou comme Pékin avaient soutenu les communistes contre les forces de l'ONU emmenées par les États-Unis pendant la guerre de Corée (1950-53), qui a consacré la division de la péninsule.

Kim Jong-Il avait présidé aux premiers essais nucléaires nord-coréens. Son fils Kim Jong-Un a donné un net coup d'accélérateur aux programmes nucléaire et balistique de la Corée du Nord, qui a essuyé en conséquence de multiples sanctions de l'ONU.

Le dernier tir de missile remonte à dimanche.

«C'est quelque chose que nous devons faire, déclare Hwang Ji-Min, cadre dans une entreprise de BTP de 66 ans. La Corée du Nord «vit sous la répression des États-Unis. Elle est toujours réprimée».

«Il y a un vieux dicton qui dit qu'avoir un poing ferme met en fuite les opposants. C'est pour ça qu'on va continuer. Les écraser se justifie».

Pyongyang assure que son programme d'armements est purement défensif. Le Nord menace toutefois régulièrement de ses foudres Washington comme Séoul. Il est dans la phase finale de la mise au point d'un missile intercontinental capable de frapper les États-Unis, avait assuré Kim Jong-Un dans son discours du Nouvel An.