Les secouristes tentaient mardi de retrouver les victimes du séisme qui a fait plus de 300 morts aux confins du Pakistan et de l'Afghanistan, une tâche compliquée par la topographie de ces régions montagneuses et la présence de talibans.

Le bilan de la catastrophe risque de s'élever à mesure que les secours progresseront vers les zones isolées touchées par cette secousse de magnitude 7,5, qui a provoqué des glissements de terrain et coupé les communications.

Certaines zones restent complètement coupées du monde. Ainsi, la police n'a toujours pas réussi à joindre les autorités du district de Kohistan, dans la province de Khyber Pakhtunkhwa (nord-ouest) pour s'enquérir du sort de ses 500 000 habitants, a indiqué un officier de Peshawar, le chef-lieu provincial.

«Le système de communications a été interrompu et les routes coupées, donc nous ne pouvons rien dire sur les dégâts là-bas», a indiqué le policier à l'AFP.

La majorité des victimes étaient recensées au Pakistan, où le séisme a fait au moins 241 morts, dont 196 au Khyber Pakhtunkhwa, et plus de 1100 blessés, selon l'Autorité de gestion des catastrophes naturelles.

L'armée a commencé à évacuer des blessés par hélicoptère vers Peshawar et Rawalpindi, ville jumelle de la capitale Islamabad.

Des opérations de déblayage étaient en cours sur l'autoroute du Karakorum desservant le nord-ouest du Pakistan, qui a été coupée par plusieurs glissements de terrain.

Des équipes médicales, des tentes et des rations alimentaires ont été envoyées sur le terrain, et tous les hôpitaux militaires sont en état d'alerte.

Les habitants, y compris enfants et personnes âgées, tentaient d'aider en fouillant les décombres à la recherche de survivants dans le district de Lower Dir, toujours dans le nord-ouest.

Pour nombre d'habitants de la région, le séisme de lundi a ravivé le douloureux souvenir du terrible tremblement de terre de magnitude 7,6 qui avait fait plus de 75 000 morts il y a dix ans, le 8 octobre 2005.

«J'ai eu peur que cela soit le retour du Jour dernier», raconte Shehnaz Rasheed, 34 ans, une habitante de Muzaffarabad, dans le Cachemire pakistanais, qui a perdu sa fille dans le tremblement de terre il y a dix ans. Elle a couru vers l'école de ses fils pour «mourir ensemble si nous devons mourir».

Le premier ministre Nawaz Sharif est rentré au Pakistan mardi après une visite aux États-Unis, et a indiqué que le gouvernement allait annoncer sous peu un plan d'action.

Il s'est ensuite rendu dans la province de Khyber Pakhtunkhwa, à Shangla, qui pourrait être le district le plus touché avec 49 morts décomptés jusque là.

À Peshawar, plusieurs monuments historiques ont été endommagés, dont le fort Bala Hissar qui domine la ville et une mosquée du XVIIe.

Bousculade mortelle

Le séisme, dont l'épicentre se trouvait dans les montagnes reculées du Badakhshan, dans le nord-est de l'Afghanistan, a généré une scène d'horreur dans la localité afghane de Talogan: 12 écolières prises de panique ont péri dans une bousculade alors qu'elles tentaient de fuir leur école.

Dans ce pays, le bilan officiel a été revu à la hausse mardi avec 84 morts. Des centaines de personnes ont été blessées et 4000 habitations détruites.

À l'école de Talogan, dans le Takhar (nord), les filles - toutes âgées de moins de 16 ans - «se sont précipitées pour sortir et cela a provoqué une bousculade» mortelle, a déclaré à l'AFP Enayat Naweed, directeur du département régional de l'Éducation. Trente-cinq ont été blessées.

Le gouvernement a appelé les organisations humanitaires à la rescousse.

Mais les zones sinistrées sont difficiles d'accès. Le Badakshan est très montagneux, et une bonne partie de cette province ainsi que certaines des autres zones touchées sont entre les mains des rebelles talibans, compliquant les opérations de secours.

Le mouvement taliban a appelé les organisations humanitaires à aider les victimes, et ses combattants à faciliter le travail des secours.

Preuve de l'instabilité de la zone frontalière où le séisme a frappé, sept soldats pakistanais ont été tués mardi par des tirs venus d'Afghanistan.

L'Afghanistan est régulièrement touché par des tremblements de terre, notamment au niveau de la chaîne montagneuse de l'Hindu Kush, qui se trouve sur la ligne de faille entre les plaques tectoniques indienne et eurasienne.

Un important séisme au Népal en avril a tué plus de 8900 personnes et détruit un demi-million de maisons.

Selon l'Institut américain de géologie (USGS), l'hypocentre se situait à Jurm, à l'extrême nord-est de l'Afghanistan, à une profondeur de 213,5 km. Cela se trouve à quelques centaines de kilomètres du séisme de 2005, mais l'hypocentre (point de départ de la rupture sismique sur la faille) était alors moins profond, rendant les secousses plus destructrices.