C'est à bord d'un hélicoptère privé que deux Québécoises ont réussi à quitter la région de Langtang, au Népal, hier. Deux autres jeunes voyageuses y sont toujours coincées. Le gouvernement canadien leur aurait dit de rejoindre Katmandou par leurs propres moyens, les laissant ainsi à elles-mêmes.

« Complètement abandonnée ! » C'est ainsi que s'est sentie Marie-Josée Roussy, qui était coincée avec son amie à Dhunche, au parc national Langtang, depuis le séisme.

« C'était le chaos ! Aucune information ne nous était communiquée. On nous a dit que l'ambassade américaine allait pouvoir nous aider et, en effet, elle a été plus présente », raconte la Gaspésienne, qui a pu se rendre à Katmandou, hier. Elle a quitté le refuge à bord d'un hélicoptère privé et se considère très chanceuse d'avoir pu y monter.

« C'est grâce à un couple de Slovaques [avec qui elles étaient]. Ils communiquaient avec le consulat slovaque à Katmandou et ils nous ont dit que nous allions avoir un hélicoptère privé. Ils ont été vraiment aidants. [...] Pendant ce temps, les Israéliens avec nous semblaient recevoir beaucoup d'informations de la part de leur gouvernement », raconte la jeune femme de 28 ans.

Une fois les Israéliens évacués, l'hélicoptère privé a pu embarquer les Slovaques. Marie-Josée et son amie ont pris les dernières places. Elles ont été accueillies par l'ambassade des États-Unis à Katmandou, où on leur a proposé un vol vers New Delhi pour le soir même. Comme Marie-Josée a perdu son passeport, elle doit régler cette formalité avant de quitter le pays.

«Une préposée [...] s'est mise à pleurer»

Deux autres Québécoises, Sandrine Hamelin et Ophélie Gauthier-Barrette, ne sont pas au bout de leurs peines. Les jeunes femmes de 19 et 20 ans ont survécu à une avalanche à Kyanjin Gompa, dans le parc national Langtang. Hier, des hélicoptères israéliens et népalais les ont transportées à Dhunche, à l'entrée du parc, d'où elles ont pu parler à leurs parents pour la première fois.

« On a rappelé le ministère des Affaires étrangères, qui tient une liste, pour signaler que nos filles étaient vivantes et où elles se trouvaient », rapporte la mère d'Ophélie, Louise Gauthier.

Le Ministère aurait répondu que quand les Canadiennes seraient à Katmandou, elles seraient rapatriées dans un avion nolisé. Mme Gauthier était complètement découragée.

« Ben voyons ! Ma fille est prise dans les montagnes, il faut la sortir de là ! Elles sont à 150 km de Katmandou et on nous dit qu'elles doivent se rendre là par elles-mêmes ! C'est désarçonnant. »

« Je ne comprends pas qu'on ait aussi peu de support et d'aide de notre "bon" gouvernement canadien », poursuit Mme Gauthier.

Depuis le séisme, la mère d'Ophélie accumule les déceptions. Elle a contacté le ministère des Affaires étrangères tous les jours et chaque fois, elle dit avoir reçu des réponses évasives.

« C'est la désorganisation totale. Quand je demandais ce qu'il se passait au consulat, on était incapable de me répondre. [...] Une fois, la préposée à qui la mère de Sandrine parlait s'est même mise à pleurer au téléphone. »

Des Canadiens transportés en Inde

Hier, le premier avion envoyé par Ottawa a pu quitter le Népal. Il y avait à bord 100 passagers, dont des Canadiens et des ressortissants d'autres pays.

« Un Globemaster C-17 des Forces armées canadiennes a décollé de Katmandou à destination de New Delhi, en Inde [...]. Plus de 70 autres Canadiens ont également pu quitter le Népal à bord de vols commerciaux », a écrit le ministre des Affaires étrangères, Rob Nicholson, dans un communiqué.

La Presse a voulu savoir si l'appareil retournerait au Népal, mais le ministère des Affaires étrangères n'avait pas répondu à la question au moment d'écrire ces lignes.

Un deuxième C-17 canadien est cependant attendu aujourd'hui. Il transporte 51 membres supplémentaires des Forces armées, dont du personnel médical, des spécialistes des déplacements aériens et des spécialistes des transmissions, ainsi qu'un véhicule cargo, une ambulance militaire et un lève-palette.

Quant à savoir si le Canada avait obtenu des moyens pour porter assistance aux Canadiens coincés à l'extérieur de Katmandou, comme dans le parc national de Langtang, le Ministère n'a pas répondu à La Presse.

Dans le communiqué, il indique aux citoyens canadiens qui se trouvent dans la région touchée et qui ont besoin d'aide consulaire d'urgence de communiquer avec le haut-commissariat de New Delhi, en Inde, au +91 11 4178 2000.

- Avec la collaboration de Jean-Thomas Léveillé

PHOTO FOURNIE PAR LES PARENTS DES VICTIMES

Ophélie Gauthier-Barrette et Sandrine Hamelin sont toujours coincées dans le parc national de Langtang. On les voit ci-dessus lors d’un voyage dans l’Ouest canadien.

PHOTO KEVIN MCMILLAN, LA PRESSE CANADIENNE

Des Canadiens et des citoyens d’autres pays sont escortés hors du Népal à bord d’un C-17 des Forces armées canadiennes, à Katmandou.