Le Bangladesh, qui tournait lundi au ralenti à l'appel du mouvement de grève lancé par l'opposition, a connu de nouveaux heurts meurtriers, au moins quatre personnes trouvant la mort dans des heurts entre partisans du pouvoir et opposants.

Des accrochages violents ont éclaté dans tout le pays entre les partisans des deux camps, l'opposition réclamant la démission du premier ministre et la formation d'un gouvernement de transition avant les élections.

Une bombe a explosé dans la ville d'Harina Kundi (ouest), tuant un responsable de l'opposition locale, selon la police. Par ailleurs, deux personnes ont été tuées dans le nord et le centre du pays dans des heurts entre opposants et soutiens du gouvernement tandis qu'un camionneur est mort sous des jets de pierre, portant à 16 le nombre de tués depuis vendredi dans ces accrochages.

La télévision montrait lundi des autoroutes bloquées par les manifestants, des explosions d'engins explosifs artisanaux et des locaux de l'opposition pris d'assaut dans des dizaines de villes.

Les écoles, magasins et nombre d'entreprises ont fermé leurs portes pour ce mouvement de grève et des renforts de police et de forces paramilitaires ont été déployés dans les principales villes du pays.

Des sympathisants du principal parti d'opposition, le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP) ont tué à coups de machette un partisan du parti au pouvoir, l'Awami League, dans la ville de Rambhadra Bazaar (nord), a indiqué le chef de la police locale, Saidur Rahman, à l'AFP.

Un partisan du BNP est mort dans des affrontements à Chandpur (centre).

À Satkania (sud-est), un camionneur a été tué par des jets de briques lancées par des soutiens du premier parti islamiste du pays, allié du BNP, selon la police.

Le BNP et ses alliés islamistes ont appelé à des rassemblements dans tout le pays pour forcer la première ministre, Sheikh Hasina, à démissionner avant les élections générales de janvier 2014 et pour demander la mise en place d'un gouvernement de transition afin de superviser le scrutin.

Des négociations pour dissiper la crise entre Mme Hasina et la chef de l'opposition (et ancienne première ministre), Mme Khaleda Zia, ont échoué samedi soir, au terme d'un entretien téléphonique de 40 minutes, premier contact direct depuis au moins dix ans entre les deux femmes fortes - et farouches ennemies - du Bangladesh.

Mme Zia a refusé d'annuler l'appel à la grève. Mme Hasina rejette la constitution d'un gouvernement transitoire, mais propose un gouvernement intérimaire composé de tous les partis, et dirigé par ses soins. Pas question, a répliqué l'opposition.

L'opposition estime le gouvernement «illégal», citant un texte de loi qui prévoit que les élections doivent être organisées par un gouvernement de transition mis en place trois mois avant le scrutin. Ce texte a été abrogé par le parti au pouvoir en 2011, qui a attribué la supervision du vote à une commission électorale.