Bo Xilai, l'ancien dirigeant chinois condamné dimanche à la prison à vie, a notifié au tribunal son intention de faire appel, a annoncé lundi à l'AFP une source proche du dossier.

«Bo Xilai va faire appel de la totalité du verdict. Il a déjà déposé sa requête auprès du tribunal» de Jinan (est), la capitale de la province du Shandong où s'est tenu le procès, a déclaré cette source.

L'acceptation de cette demande, qui manifeste le refus de l'ancien membre du Bureau politique du Parti communiste chinois (PCC) de se plier à la décision de l'autorité judiciaire, reste soumise à leur approbation.

Mais, selon cette source, qui a un accès direct au dossier, «aux termes de la loi chinoise, la Cour doit accepter sa demande orale».

Bo Xilai, à l'origine du plus vaste scandale politico-criminel qu'ait connu le régime depuis la fin de la révolution culturelle, a été condamné dimanche à la prison à vie.

Le verdict a été prononcé pour corruption, détournement de fonds et abus de pouvoir, notamment dans l'affaire de l'assassinat par son épouse Gu Kailai de l'homme d'affaires britannique Neil Heywood.

Dans un procès impliquant un personnage de ce rang, la sentence a été décidée en haut lieu, la justice chinoise étant soumise au pouvoir politique.

«Il a dit au juge» qu'il allait faire appel, a déclaré cette source, sans préciser dans quelles circonstances.

Dimanche, un porte-parole du tribunal avait déclaré à la presse que Bo Xilai n'avait pas mentionné devant la cour son intention de faire appel.

Lors de son procès en août, Bo Xilai a tenu tête à ses juges et ses accusateurs, nié en bloc la quasi-totalité des faits de corruption reprochés, traité sa femme de «folle» et de «menteuse» - elle a témoigné contre lui dans une vidéo - et le policier Wang Lijun, son ex-bras droit, de personnage «vil».

La Cour suprême du Shandong ou la cour intermédiaire peuvent toutes les deux statuer, selon cette source.

Les recours en appel - 10 jours au plus tard après le verdict - ont été longtemps très rares en Chine, les tribunaux prononçant généralement des peines plus lourdes en deuxième instance.

Bo Xilai a jusqu'au 1er octobre, jour de la fête nationale, pour finaliser sa démarche, selon cette source qui a précisé que l'ancien dirigeant avait informé le tribunal de son intention dès dimanche.

Selon He Weifang, juriste de l'Université de Pékin, ce délai pourrait cependant être prolongé jusqu'au 8 octobre en raison de jours fériés.

Le dernier des hauts personnages politiques jugé et condamné, l'ancien maire de Shanghai Chen Liangyun, avait renoncé à faire appel de sa condamnation à 18 ans de prison pour corruption en 2008.

L'ancien maire de Pékin, Chen Xitong, condamné à 16 ans pour corruption en 1998, avait vu son appel rejeté.

«Aujourd'hui, c'est plus facile de faire appel, mais cela réussit rarement», a indiqué de son côté Jean-Pierre Cabestan, expert de la politique chinoise à l'Université baptiste de Hong Kong.

Dans une lettre au ton combattif, écrite à sa famille depuis sa prison peu avant le verdict, Bo Xilai avait assuré que son honneur serait lavé «un jour», rapportait jeudi un quotidien de Hong Kong.