Les quatre hommes accusés du viol en réunion et du meurtre d'une étudiante en décembre à New Delhi qui avait choqué l'Inde sauront vendredi s'ils sont condamnés à mort, la peine capitale ayant été requise contre eux.

La justice indienne les a reconnu mardi coupables de tous les chefs d'accusation retenus contre eux, en particulier de viol en réunion et de meurtre. Le juge Yogesh Khanna, qui préside l'audience, a annoncé mercredi qu'il prononcerait les peines vendredi après-midi.

Lors de l'audience mercredi, au cours de laquelle défense et accusation ont échangé leurs arguments sur la condamnation, le procureur a requis la peine capitale pour les accusés.

«La peine appropriée ne peut être que la mort», a lancé le procureur Dayan Krishnan.

«Il n'y a rien de plus atroce (..) La façon dont cette malheureuse femme a été torturée ne peut inspirer aucune compassion» envers les accusés, a-t-il ajouté, rappelant la précédente condamnation à mort d'un violeur meurtrier, pendu en 2004.

«La cour doit prononcer la peine maximale sinon le message adressé à la société sera qu'une telle déviance est tolérée», a encore dit le procureur.

L'Inde prévoit la peine de mort pour de rares crimes et les exécutions sont exceptionnelles.

Les quatre accusés -Akshay Thakur, Pawan Gupta, Vinay Sharma, Mukesh Singh- n'ont manifesté aucune émotion en entendant le procureur.

L'étudiante en kinésithérapie, âgée de 23 ans, avait été agressée avec une barre de fer et violée dans un bus le 16 décembre alors qu'elle rentrait du cinéma avec son ami. Elle est décédée de ses blessures le 29 décembre dans un hôpital de Singapour.

Des milliers d'Indiens révoltés avaient manifesté après ce viol, appelant à une prise de conscience de la façon dont les femmes sont traitées en Inde, et dénonçant l'apathie de la police et de la justice à l'égard des victimes d'agressions sexuelles.

Les lois contre les délinquants sexuels ont été durcies depuis, et la peine de mort introduite pour les violeurs dont les victimes sont décédées.

Les quatre accusés jugés pendant sept mois par un tribunal spécial de New Delhi étaient âgés de 19 à 29 ans au moment des faits. Ils vivaient dans un bidonville du sud de la capitale indienne et venaient de zones rurales touchées par la pauvreté.

Les avocats de trois des accusés ont déjà annoncé qu'ils feraient appel du verdict, une décision susceptible de repousser de plusieurs années l'épilogue judiciaire de cette affaire.

L'un des avocats de Pawan Gupta a plaidé pour la perpétuité en faveur de son client: «la court doit garder à l'esprit que la perpétuité est la règle et la peine de mort une exception», a dit Vivek Sharma.

La famille veut la peine de mort

La famille de la victime réclame pour sa part la pendaison pour les quatre hommes afin de faire son deuil.

«Nous n'accepterons rien d'autre que la peine de mort», a récemment déclaré à l'AFP le père de la jeune femme, dont le nom ne peut être révélé.

«Tout autre peine que la pendaison ne serait pas juste. Elle enverrait un mauvais message et les gens perdraient toute confiance dans notre justice», a-t-il ajouté.

Interrogée mercredi à la fin de l'audience, la mère de la victime a «prié le tribunal de rendre justice à (sa) fille. Ce n'était pas une simple faute, ils ont prémédité et l'ont tuée sans pitié».

La victime était décrite comme une jeune femme courageuse et déterminée et l'histoire de sa famille a eu un large écho dans la population indienne.

Un cinquième accusé âgé de 17 ans au moment des faits a été condamné fin août à trois ans de prison, la peine maximale encourue pour ce crime par les mineurs.

Un sixième homme, le chauffeur du bus présenté comme le meneur, a été retrouvé mort dans sa cellule en mars, un décès attribué à un suicide par les autorités pénitentiaires.