Les violences au Xinjiang ne sont pas dues à un «conflit ethnique» entre Ouïghours musulmans et «Hans», les Chinois de souche, mais au «terrorisme», a affirmé lundi en choeur la presse officielle chinoise, accusant les États-Unis et désignant une filière qui serait liée à l'opposition syrienne.

À la suite des sanglants incidents de la semaine dernière, le Bureau politique du Parti communiste chinois (PCC), sous la direction du président Xi Jinping, a dépêché un haut dirigeant, Yu Zhengsheng, à Urumqi, capitale du Xinjiang, où il a annoncé un tour de vis sécuritaire dans cette région du nord-ouest à dominante musulmane.

«Nous allons prendre des mesures renforcées pour réprimer les groupes terroristes», a déclaré ce membre du comité permanent du Bureau politique, cité par le China Daily, devant les responsables du PCC du Xinjiang.

Il s'exprimait à l'approche de l'anniversaire le 5 juillet des plus violentes émeutes entre Hans et Ouïghours, survenues à Urumqi en 2009, qui avaient fait officiellement 197 morts.

Lundi, la situation y était calme lundi, mais des patrouilles de la Police armée étaient visibles tous les 100 mètres, notamment autour du grand bazar de la ville, ont constaté des reporters de l'AFP.

Un commentaire non signé du Quotidien du Peuple, organe du PCC, a violemment attaqué les États-Unis, accusés de «conspirer pour orienter les calamiteuses activités terroristes vers la Chine» et de pratiquer un «double langage sur la question du contre-terrorisme, équivalent à de l'indulgence» et de la «complicité».

Washington avait fait part vendredi de sa «profonde inquiétude» après les incidents quant à la «discrimination» dont les Ouïghours feraient l'objet.

«Les violents incidents terroristes au Xinjiang ne sont pas une question ethnique ou religieuse», a répliqué le journal, rendant les médias occidentaux responsables des critiques contre la politique chinoise en matière de relations interethniques.

De son côté, le quotidien officiel Global Times, appartenant au Quotidien du peuple, a assuré lundi qu'un de ses reporters «a obtenu récemment l'information exclusive auprès des autorités antiterroristes selon laquelle certains membres de la faction du "Turkestan oriental" (NDLR, nom donné au Xinjiang par les radicaux ouïghours en exil) étaient entrés en Syrie depuis la Turquie et ont participé à des organisations extrémistes, religieuses et terroristes au sein de l'opposition syrienne».

Ces éléments auraient «combattu contre l'armée syrienne», et certains auraient regagné le Xinjiang pour y fomenter des troubles.

Le journal cite le cas d'un homme de 23 ans, répondant au nom de Maimaiti Aili, membre du Mouvement islamique du Turkestan oriental (MITO), arrêté à une date indéterminée, qui aurait avoué que son mouvement l'avait envoyé au Xinjiang pour y commettre des actes de sabotage et y «intensifier la lutte».

La presse chinoise rapportait également l'arrestation d'un nommé Ahmatniyaz Sidiq, également orthographié Ahmetniaz Stek, dernier des auteurs présumés de l'attaque de mercredi à Lukqiu en fuite. Celui-ci aurait mis sur pied une «cellule terroriste» de 17 membres et décidé de lancer l'attaque sur la petite ville, située à 250 km au sud-est d'Urumqi, après l'arrestation d'un de ses membres. Armés de couteaux, ils avaient pris d'assaut les postes de police et les bâtiments officiels, tuant 24 personnes, «dont deux femmes et 16 Ouïghours», selon le China Daily. Onze des assaillants ont été abattus.

Vendredi, une centaine de «terroristes» ouïghours ont provoqué une émeute à Hotan, selon Chine Nouvelle. Le bilan restait inconnu lundi.

En outre, 19 personnes ont été arrêtées dans la région pour avoir «répandu des rumeurs via des SMS et sur l'internet», selon le quotidien.

Dans cette immense région semi-désertique, qui a vu ces dernières décennies affluer des millions de Chinois «Hans», l'ethnie archidominante du pays, les autorités sont confrontées au triple défi du «terrorisme, de l'extrémisme religieux et du séparatisme, à la fois local et à l'étranger», a martelé la presse chinoise en écho au discours officiel.

«Les Ouïghours vivent dans une prison à ciel ouvert», a répondu lundi dans un communiqué le Congrès mondial ouïghour, une organisation dissidente en exil, selon qui leur «résistance» n'a «rien à voir avec le terrorisme».

Le dirigeant chinois envoyé à Urumqi, Yu Zhengsheng, a prévenu les responsables régionaux, réunis sous la houlette du chef du parti du Xinjiang, Zhang Chunxian, qu'ils «devaient être clairement conscients de la nature complexe et grave du combat à long terme contre le séparatisme», assimilé au terrorisme.

Urumqi a été samedi soir le théâtre d'une impressionnante démonstration de force de la part de milliers d'hommes des unités contreinsurrectionnelle de la Police armée chinoise, démonstration qualifiée lundi par la presse officielle de «réunion antiterroriste».