La Corée du Nord s'est déclarée vendredi incapable de garantir la sécurité des ambassades à partir du 10 avril en cas de conflit et a proposé à la Russie, à la Grande-Bretagne et à d'autres pays présents dans le pays d'«envisager» l'évacuation de leurs ambassades.

«Le discours du gouvernement nord-coréen consiste à dire qu'à partir du 10 avril, il sera incapable de garantir la sécurité des ambassades et des organisations internationales dans le pays dans l'éventualité d'un conflit», a déclaré à l'AFP une porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères.

Plus tôt dans la journée, le porte-parole de l'ambassade russe à Pyongyang, Denis Samsonov, a été le premier à annoncer qu'un représentant du ministère nord-coréen des Affaires étrangères avait proposé à la Russie «d'examiner la question de l'évacuation des collaborateurs de l'ambassade russe».

Le diplomate a ajouté que la Russie avait reçu cette proposition «ainsi que les autres ambassades à Pyongyang compte tenu de l'aggravation de la situation sur la péninsule coréenne».

Les autorités britanniques ont été également interrogées par Pyongyang sur leur intention de maintenir ou non leur ambassade.

«D'après ce que nous avons compris, il s'agissait pour les Nord-Coréens de demander si les personnels des ambassades avaient l'intention de partir, plutôt que de leur conseiller de partir», a indiqué la porte-parole du Foreign Office.

Elle a ajouté que la Grande-Bretagne réfléchissait aux «prochaines étapes», en ne citant comme éventualité qu'une révision des conseils aux voyageurs.

«Les chefs des missions de l'UE à Pyongyang se réunissent demain (samedi) pour discuter de la position et de l'action commune», a souligné le porte-parole de la diplomatie bulgare, Dimitar Yaprakov.

L'Allemagne, le Royaume-Uni, la Suède, la Pologne, la Roumanie, la République tchèque et la Bulgarie ont des missions diplomatiques en Corée du Nord.

Les diplomates de ces sept pays de l'Union européenne présents à Pyongyang sont «en contact permanent» pour «évaluer la situation», a-t-on indiqué de sources diplomatiques à Bruxelles.

A Berlin, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères s'est contenté d'indiquer que l'Allemagne «examinait actuellement la sécurité et les conditions de travail de (son) ambassade à Pyongyang en raison de la poursuite de l'escalade» dans les menaces provenant du nord de la péninsule nord-coréenne.

Pour sa part, le personnel de l'ambassade de Pologne à Pyongyang reste sur place.

«En ce moment, nous avons décidé de n'évacuer personne», a déclaré aux journalistes Marcin Bosacki, le porte-parole du ministère polonais des Affaires étrangères.

«Avec les autres pays qui ont leur représentation en Corée du Nord, nous analysons la situation. Nous estimons qu'il s'agit d'une rhétorique à l'usage de la politique interne», a-t-il ajouté.

«La Russie a pris note de cette proposition et pour l'instant nous sommes au stade de la prise de décision», a de son côté souligné M. Samsonov.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a pour sa part précisé que la Russie allait essayer de «clarifier» la situation avant de prendre une décision.

«Nous sommes en contact avec nos partenaires chinois, sud-coréens et japonais», a-t-il ajouté.

«Nous sommes très inquiets en raison de l'escalade, verbale pour l'instant, de la tension. Nous voulons comprendre quelles sont les raisons de la proposition d'évacuer les ambassades», a souligné le chef de la diplomatie russe.

Pyongyang a également recommandé aux ministères tchèque et bulgare des Affaires étrangères d'évacuer leurs personnels diplomatiques, a-t-on indiqué à Prague et à Sofia.

«Il ne se passe rien d'extraordinaire, l'ambassade travaille comme d'habitude», a pour sa part souligné le porte-parole de l'ambassade russe.

«Je peux vous assurer que la situation est en ce moment absolument calme à Pyongyang. On n'observe aucune tension. C'est un jour férié qui ne présage rien d'extraordinaire», a conclu le diplomate.

La Corée du Nord a transporté un deuxième missile de moyenne portée sur sa côte orientale et l'a hissé sur un lance-missiles mobile, a affirmé l'agence sud-coréenne Yonhap, alimentant les craintes d'un tir imminent qui aggraverait une situation déjà explosive.