Le Premier ministre indien Manmohan Singh a prévenu mardi que l'Inde ne pouvait faire «comme si de rien n'était» avec son voisin pakistanais après les récents accrochages meurtriers le long de leur frontière commune au Cachemire.

«On ne peut faire comme si de rien n'était» avec le Pakistan, a-t-il déclaré à des journalistes en marge d'une cérémonie militaire. «Ce qui s'est passé est inacceptable», a-t-il ajouté dans une allusion à la mort de deux soldats indiens le 8 janvier, dont l'un a été décapité et dont la tête n'a pas été retrouvée.

«Les responsables de ce crime devraient être traduits en justice», a-t-il ajouté.

Ces commentaires sont intervenus au lendemain d'une rencontre dans un lieu frontalier non dévoilé entre des responsables militaires de ces deux puissances nucléaires rivales, qui se sont mutuellement accusées après les heurts de ces derniers jours.

De son côté, la ministre pakistanaise des Affaires étrangères Hina Rabbani Khar a estimé mardi soir que l'Inde était «belliciste». «C'est profondément troublant d'entendre des déclarations qui font monter les enchères» de la part de responsables politiques indiens, a-t-elle déclaré lors d'une conférence à New York. Elle a toutefois lancé un appel au dialogue.

Le Pakistan dément la responsabilité de son armée dans la mort des deux soldats indiens et affirme que trois militaires pakistanais ont au total été récemment tués dans des tirs le long de sa frontière de facto avec l'Inde, appelée Ligne de contrôle (LoC), où un cessez-le-feu est en vigueur depuis 2003.

Mardi, un troisième soldat pakistanais y a ainsi «péri en raison de tirs indiens non provoqués», a affirmé l'armée pakistanaise dans un communiqué.

«Des soldats indiens ont une nouvelle fois violé le cessez-le-feu et ont effectué des tirs non provoqués ce soir sur la Ligne de contrôle, dans les secteurs de Hot Spring et de Jandrot, de 22h00 à 23h00», est-il écrit dans le communiqué.

Un responsable du district d'Hajira, dans la partie pakistanaise du Cachemire, proche de la zone frontalière où le militaire a été tué, a affirmé que les Indiens étaient en train de procéder à des tirs sur des villages de montagne.

«Des soldats indiens tirent par intermittence sur des villages pakistanais», a dit à l'AFP ce responsable, Sardar Mushtaq.

Il a ajouté que deux civils pakistanais avaient été blessés depuis le début de la semaine dans des bombardements effectués par-dessus la Ligne de contrôle et que des militaires indiens avaient ouvert le feu mardi soir sur un bateau pakistanais. Il n'a pas fourni d'autres précisions.

Et si les chefs de la diplomatie des deux pays cherchent à jouer l'apaisement, le commandant en chef de l'armée indienne a mis en garde lundi contre une réaction «agressive» de ses troupes en cas de nouveaux tirs.

Il a continué mardi à alimenter la controverse à l'égard du Pakistan, estimant que la rencontre la veille pour calmer les tensions avait été infructueuse.

«Nous les avons accusés d'avoir perpétré une attaque barbare (...). Nous avons insisté pour que la tête soit rapportée», a déclaré le général de corps d'armée, K.T. Parnaik, au cours d'une conférence de presse à Akhnoor, une ville de garnison située au Cachemire.

«Nous avons (aussi) attiré leur attention sur les tirs fréquents dans la zone. A la fin de la rencontre, ils étaient toujours aussi arrogants et inflexibles, pas prêts à admettre quoi que ce soit. Nous ne croyons pas à une réaction dans la haine et la colère. Nous avons nos plans, nous réagirons en temps voulu», a ajouté ce gradé militaire de haut rang, cité par l'agence de presse PTI.