Des centaines de moines bouddhistes ont défilé dimanche en Birmanie pour approuver l'idée, évoquée par le président birman Thein Sein, que les Rohingyas, une minorité musulmane, soient expulsés du pays ou groupés dans des camps.

De longues files de moines portant leurs traditionnelles robes rouges ont défilé dans les rues de Mandalay, dans le centre de la Birmanie, au milieu d'une foule de personnes favorables à leur manifestation.

Une banderole proclamait «Protégeons notre Mère la Birmanie en soutenant le président», tandis que d'autres critiquaient l'envoyé spécial de l'ONU Tomas Ojea Quintana, accusé de partialité en faveur des Rohingyas.

Des violences entre Rohingyas musulmans et membres de l'ethnie rakhine, bouddhistes, ont fait depuis juin au moins 90 morts des deux communautés dans l'Etat Rakhine (ouest de la Birmanie), selon une estimation officielle. Des groupes de défense des droits de l'homme considèrent que le bilan réel est beaucoup plus élevé.

Wirathu, un moine âgé de 45 ans qui menait la marche, a affirmé que 5000 moines y avaient participé et que plusieurs milliers d'autres personnes étaient descendues dans la rue.

L'objectif, a-t-il dit à l'AFP, était de «faire savoir au monde que les Rohingyas ne font pas du tout partie des groupes ethniques de la Birmanie».

Parlant un dialecte similaire à celui qui est parlé de l'autre côté de la frontière, au Bangladesh voisin, les quelque 800 000 Rohingyas présents en Birmanie sont considérés par le gouvernement et par de nombreux Birmans comme des immigrants illégaux.

Les violences dans l'ouest ont suscité une vague de colère à travers la Birmanie, où la population est majoritairement bouddhiste.

Les autorités ont ouvert une enquête sur ces violences. Le président Thein Sein a accusé des moines bouddhistes et d'autres personnalités rakhines d'attiser la haine contre les Rohingyas.

Mais dans des déclarations publiées en juillet, il a jugé «impossible d'accepter les Rohingyas entrés illégalement, qui ne font pas partie de notre ethnicité». Et il a évoqué la possibilité d'envoyer ce groupe minoritaire dans un pays tiers ou de l'installer dans des camps administrés par l'ONU.