La Cour suprême du Japon a donné son feu vert à la saisie à Tokyo du siège d'une association servant de facto d'ambassade à la Corée du Nord, pour cause d'impayés, ont rapporté jeudi des médias nippons.        

La plus haute juridiction du Japon a confirmé l'arrêt d'un tribunal de Tokyo autorisant la mise aux enchères du bâtiment de dix étages, situé au coeur de la capitale nippone, propriété de l'association Chongryon.

Cette association est poursuivie par l'agence publique de recouvrement qui lui réclame 62,7 milliards de yens (environ 810 millions de dollars) au titre de prêts non remboursés après la faillite d'instituts financiers liés au régime autoritaire nord-coréen.

« C'est très regrettable », a réagi un porte-parole de l'organisation nord-coréenne contacté par l'AFP. Et d'ajouter : « nous espérons vivement que le problème sera résolu par le dialogue. »

Quant à savoir si l'organisation est prête à quitter le bâtiment en cas de mise aux enchères, le porte-parole a seulement dit : « Rien n'a été décidé. »

Du fait des conclusions de la Cour suprême, le siège, qui se trouve dans un quartier d'affaires du centre de Tokyo, peut être saisi et mis aux enchères à tout moment si l'agence publique de recouvrement en fait la demande, mais cela peut exiger plusieurs mois, selon l'agence de presse japonaise Jiji.

Les bureaux de Chongryon ont déjà été la cible de multiples perquisitions ces dernières années notamment dans le cadre d'enquêtes pour rupture de l'embargo sur les exportations de produits de luxe et d'armes à destination de la Corée du Nord.

Le Japon, qui a occupé la péninsule coréenne entre 1910 et 1945, n'entretient pas de relations diplomatiques avec Pyongyang depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Des centaines de milliers de Coréens vivent au Japon, la plupart du temps des descendants de ceux qui ont émigré ou ont été contraints de se déplacer au Japon durant l'occupation japonaise.

Environ 10 % sont considérés comme étant affiliés à la Chongryon, qui affirme que la communauté est persécutée par les autorités nippones et harcelée par les militants d'extrême droite.

Le gouvernement métropolitain de Tokyo, dirigé par le nationaliste Shintaro Ishihara, a suspendu en 2003 un allégement fiscal dont Chongryon bénéficiait en raison du statut quasi diplomatique de l'immeuble occupé.

Beaucoup au Japon éprouvent un sentiment d'hostilité à l'égard de la Corée du Nord, entre autres en raison des enlèvements de citoyens japonais par le régime de Pyongyang dans les années 1970 et 1980.

La Corée du Nord, de son côté, estime que le Japon doit faire amende honorable pour les actes commis durant l'occupation.