L'opposante birmane Aung San Suu Kyi a conclu mardi une tournée à Naypyidaw, la ville nouvelle où le régime militaire avait installé sa capitale il y a quelques années, implorant la toute puissante armée de voter pour elle aux élections du 1er avril.

La lauréate du prix Nobel de la paix, candidate aux législatives partielles, arpente le pays de fond en comble pour soutenir son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND).

Elle a été accueillie depuis lundi par quelques milliers de personnes, en majorité des paysans et ouvriers, dans le bastion des militaires et de la formation qui leur est fidèle, le Parti de la solidarité et du développement de l'Union (USDP).

«Tous les soldats devraient se souvenir de ce qu'a dit mon père», a-t-elle déclaré, en référence au vénéré général Aung San, héros de l'indépendance.

«Il a dit ouvertement que le peuple ne devait pas être esclave de Tatmadaw (le nom officiel de l'armée, NDLR), mais que Tatmadaw devait constituer la fondation de notre pays».

Une star du hip-hop, le chanteur Ziya Thaw, tentera de remporter un siège dans une circonscription de la capitale sous les couleurs de la LND.

«Il est complètement faux de dire que la LND est contre Tatmadaw», a déclaré Suu Kyi. «Nous leur souhaitons la bienvenue. Je voudrais demander (aux soldats) de voter pour nous».

L'opposante, âgée de 66 ans, avait été prise d'un malaise samedi à Mandalay, deuxième ville du pays. Les traits tirés, elle avait dû interrompre un discours devant 100 000 partisans, la foule la plus importante de toute sa campagne.

Elle était aussi récemment dans l'extrême nord du pays, en proie à de violents combats entre l'armée et les rebelles Kachins, pour appeler les minorités ethniques à «l'union».

Le nouveau pouvoir, contrôlé par d'anciens militaires, a multiplié les réformes depuis l'auto-dissolution de la junte, il y a un an. Et l'opposante, libérée de résidence surveillée en novembre 2010, a été invitée depuis par le nouveau régime à revenir dans le jeu politique légal.

Ces partielles sont considérées en Occident comme un test de la sincérité du processus.

Mais même si la LND remportait les 48 sièges en jeu, elle ne menacerait pas la majorité. Un quart des assemblées est réservé aux militaires, et une écrasante majorité des sièges restants a été remportée par l'USDP aux élections controversées de 2010.