La Thaïlande veut fermer ses camps de réfugiés et renvoyer plus de 100 000 personnes en Birmanie où des élections ont été récemment organisées, a indiqué lundi un responsable du gouvernement, en admettant des contacts entre les deux capitales sur ce dossier.

La grande majorité des réfugiés sont membres de la minorité karen et ont fui les persécutions et les combats qui opposent depuis des années l'armée birmane aux rebelles qui réclament plus d'autonomie et de droits.

«Ils vivent en Thaïlande depuis plus de vingt ans et ils sont devenus un fardeau pour nous», a déclaré Tawin Pleansri, secrétaire général du Conseil de Sécurité nationale, soulignant que Bangkok entendait saisir l'opportunité des récents changements politiques en Birmanie.

«Le nouveau gouvernement birman est entré en fonction pour diriger le pays (..). C'est un bon changement».

Après des élections organisées en novembre, le généralissime Than Shwe, au pouvoir depuis 1992, a pris sa retraite de l'armée fin mars et un ancien général, Premier ministre sortant, a été nommé président du pays en vertu d'une nouvelle Constitution.

Ces changements ont été accueillis avec beaucoup de scepticisme en Occident, où experts, chancelleries et opposants en exil relèvent que l'armée a conservé le contrôle du pouvoir.

Mais la Thaïlande s'est gardée de tout commentaire sur les réformes de son voisin, avec qui il entretient des liens économiques très importants.

Les autorités thaïlandaises sont «en discussion avec le gouvernement birman» au sujet des réfugiés, a donc précisé Tawin. Ainsi qu'avec le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

«Je ne peux pas dire quand nous fermerons les camps, mais nous avons l'intention de le faire. Je sais que ce ne sera pas facile», a-t-il précisé.

Kitty McKinsey, porte-parole du HCR, a émis de vives réserves.

«Nous comprenons que le gouvernement thaïlandais ne veuille pas que les réfugiés restent ici pour toujours», a-t-elle expliqué à l'AFP. «Mais la solution n'est pas de forcer les gens à rentrer dans un pays toujours dangereux».

Les départs, a-t-elle insisté, doivent demeurer volontaires et en toute sécurité.

Ces camps théoriquement temporaires, créés au milieu des années 1980, accueillaient en janvier dernier environ 142.000 personnes, selon le Thailand Burma Border Consortium (TBBC), réseau d'ONG qui s'occupe des neuf camps installés le long de la frontière birmane.

En novembre, juste après les élections birmanes, les premières en 20 ans, 20.000 personnes avaient fui vers la Thaïlande en raison de combats à l'arme lourde qui avaient fait plusieurs morts. Mais elles avaient très rapidement retraversé la rivière dans l'autre sens, au grand soulagement de Bangkok.

«Il y a toujours de nouvelles arrivées dans les camps, il y a toujours un conflit dans l'Est de la Birmanie», a souligné lundi Sally Thompson, de TBBC. «Il serait prématuré de parler de fermeture des camps à ce stade».

Les autorités thaïlandaises avaient été vertement critiquées fin 2009 pour avoir expulsé vers le Laos quelque 4 500 réfugiés de la minorité hmong qui vivaient dans des camps, pour certains depuis plus de trente ans, malgré les craintes de représailles dans leur pays d'origine.

Une partie des Hmongs s'étaient ralliés aux Américains contre les communistes pendant la guerre du Vietnam, lorsque le conflit s'était étendu à la région. Beaucoup avaient fui en Thaïlande lorsque les communistes avaient pris le pouvoir à Vientiane en 1975.