Plusieurs groupes de défense des droits de l'Homme dont Amnesty International et Human Rights Watch ont appelé jeudi le gouvernement du Cambodge à abandonner un projet de loi qui selon eux visent à limiter les activités des organisations non gouvernementales.

La nouvelle loi «devrait être abandonnée parce qu'elle sape plutôt qu'elle ne soutient la société civile», ont déclaré les huit ONG dans un communiqué.

Le projet menace la liberté d'association et pourrait servir à «faire taire les critiques de la société civile» car il permettrait au gouvernement de refuser l'enregistrement d'ONG ou de les fermer sans possibilité d'appel, ont-elles ajouté.

«Le gouvernement n'a pas fourni de réponse appropriée aux raisons pour lesquelles cette loi est nécessaire, aux côtés d'autres lois et règles existantes qui régulent la société civile», ont poursuivi les signataires qui ont également appelé les bailleurs de fonds internationaux à prendre position.

«Si les bailleurs ne font rien alors que le gouvernement adopte cette loi, ils ne peuvent, en toute conscience, prétendre travailler dans l'intérêt du développement du Cambodge», a estimé Simon Taylor, directeur de Global Witness.

Les ONG ont joué un rôle majeur dans la reconstruction du pays après la chute du régime des Khmers rouges (1975-1979) et les années de guerre civile qui ont suivi. Elles se sont régulièrement opposées au gouvernement.

En janvier, le Département d'État américain avait exprimé de «graves inquiétudes» concernant ce projet de loi.

Mais le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Khieu Sopheak, a estimé que la loi aiderait les associations à continuer leurs activités «en respect des lois cambodgiennes».

«Certains ONG utilisent les fonds qu'elles reçoivent dans leurs propres intérêts et ne travaillent pas au service de la société», a-t-il déclaré à l'AFP.

Selon lui, il existe plus de 3 000 ONG et autres associations dans le pays, et «moins d'une centaine» ont protesté contre le projet.