Le chef de l'ONU Ban Ki-moon a décidé de rappeler le représentant de l'Organisation au Sri Lanka et de fermer un centre régional de l'ONU à Colombo, pour protester contre la situation autour de ses bureaux dans cette ville, a annoncé jeudi un porte-parole.

«Le secrétaire général trouve inacceptable que les autorités sri-lankaises n'aient pas empêché l'interruption du travail normal des bureaux des Nations unies à Colombo résultant de manifestations désordonnées, organisées et dirigées par un ministre du gouvernement», a déclaré le porte-parole, Farhan Haq.

«À la lumière de cette situation en pleine évolution, il rappelle à New York pour consultations le Coordinateur résident des activités de l'ONU, M. Neil Buhne. Il a également décidé que le centre régional du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) à Colombo sera fermé», a-t-il ajouté.

M. Ban «appelle le gouvernement du Sri Lanka à assumer ses responsabilités de pays hôte vis-à-vis des Nations unies, afin d'assurer que le travail vital effectué par l'Organisation pour porter assistance à la population du Sri Lanka puisse se poursuivre sans nouvelle entrave».

Des centaines de manifestants sri-lankais pro-gouvernementaux s'étaient rassemblés mercredi, pour la deuxième journée consécutive, devant les locaux de l'ONU à Colombo, pour protester contre la création par M. Ban d'un groupe d'experts chargé d'étudier les allégations de violations des droits de l'homme lors des derniers mois de la guerre civile au Sri Lanka.

Jeudi, le ministre sri-lankais du Logement, Wimal Weerawansa, qui avait pris la tête de ces manifestations, a annoncé avoir entamé une grève de la faim devant les locaux de l'ONU.

Il s'est déclaré prêt à se laisser mourir de faim pour protéger l'honneur de l'armée ayant défait en mai 2009 la rébellion des Tigres tamouls.

Le gouvernement sri-lankais a exprimé son fort mécontentement après la décision de M. Ban de nommer un groupe d'experts pour enquêter et a refusé de coopérer.

«Nous maintiendrons notre action tant qu'il n'y aura pas le retrait» de la création d'un groupe d'experts, a déclaré M. Weerawansa, à la tête du mouvement de protestation. Le ministre a appelé les Sri-Lankais vivant à l'étranger à des manifestations similaires devant les bureaux de l'ONU à travers le monde.

Colombo fait face à de nombreuses accusations de crimes de guerre qui auraient été commis l'an dernier lors de l'offensive finale de ses troupes contre les rebelles tamouls dans le nord-est de l'île.

Le 18 mai 2009, le gouvernement sri-lankais avait proclamé la victoire militaire contre les Tigres tamouls, qui réclament depuis 1972 un territoire indépendant pour la minorité tamoule défavorisée.

Selon l'ONU, entre 80 000 et 100 000 personnes sont mortes au cours du conflit, et 7 000 civils tamouls ont été tués lors des derniers mois de cette guerre civile.

Mercredi, les manifestants n'ont pas bloqué les accès aux bureaux de l'ONU, comme il l'avaient fait la veille, mais le personnel avait reçu l'ordre de ne pas se rendre au travail.

Mardi, environ 1 500 manifestants ont bloqué pendant sept heures l'accès aux locaux de l'ONU à Colombo. La police est ensuite intervenue pour lever le siège et un porte-parole de M. Weerawansa a affirmé que cinq de ses partisans avaient été blessés.

À New York, les Nations Unies avaient déjà fait connaître leur «vive objection» aux mouvements de protestation.

«Tout en respectant le droit des citoyens de manifester pacifiquement, nous estimons que barrer l'accès aux bureaux de l'ONU constitue une entrave au travail essentiel effectué chaque jour par les Nations unies pour aider la population du Sri Lanka», avait déclaré mardi M. Haq.