Avec quatre attentats en 24 heures qui ont fait au moins 66 morts, le rythme des attaques s'est accéléré lundi et mardi au Pakistan, un pays meurtri depuis près de deux ans et demi par les violences des talibans alliés à Al-Qaeda.

Au moins sept personnes ont été tuées mardi et 47 blessées dans un attentat suicide près de bâtiments de l'armée à Multan (est). Deux kamikazes ont tenté de forcer l'entrée à bord d'un 4X4. Stoppés par les soldats qui ont ouvert le feu, ils ont fait exploser leur véhicule. Cinq des tués étaient des civils, selon l'officier de police Arif Ikram. Les autorités avaient auparavant fait état de 12 morts mais incluaient les deux assaillants.

Cette nouvelle attaque survient au lendemain de trois attentats qui ont fait 59 morts dans le pays, dont deux quasi simultanés sur un marché bondé de Lahore (est), capitale de la province du Penjab.

Dans la soirée de mardi, deux engins ont explosé à une trentaine de secondes d'intervalle sur le marché Moon, le plus populaire de Lahore, devant un poste de police et devant une banque, à 30 ou 40 mètres de distance, en plein centre de cette cité de huit millions d'habitants.

Le bilan de ce double attentat s'est considérablement alourdi mardi, à 49 morts -dont six enfants- et plus de 150 blessés. Les secouristes, parvenant enfin à maîtriser un terrible incendie qui ravageait les boutiques et les restaurants du marché, ont extrait dans la nuit de nouveaux corps calcinés.

Dans la matinée, un homme avait fait exploser la bombe qu'il portait sur lui à l'entrée d'un tribunal de Peshawar, la grande ville du nord-ouest, tuant au moins 10 personnes.

Ces attaques meurtrières n'ont pas été revendiquées, mais la grande majorité des attentats qui ont fait près de 2 700 morts dans le pays depuis l'été 2007 ont été perpétrés par le Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), qui a fait allégeance à Al-Qaeda, ou par des groupes alliés.

Le rythme de ces attaques, suicide pour la plupart, s'est considérablement intensifié en un mois et demi, depuis que l'armée a déclenché une vaste offensive dans le district tribal du Waziristan du Sud, frontalier avec l'Afghanistan, et principal bastion du TTP.

Vendredi, en pleine grande prière, au moins quatre assaillants avaient pénétré dans une mosquée dans un quartier militaire de Rawalpindi, dans la banlieue d'Islamabad, et tué 36 personnes, dont 17 enfants, en ouvrant le feu sur les fidèles et faisant exploser leurs bombes.

Le TTP, à l'unisson d'Al-Qaeda, avait décrété le jihad à l'été 2007, reprochant au Pakistan de s'être allié, dès la fin 2001, à Washington dans sa «guerre contre le terrorisme».

Depuis l'arrivée au pouvoir de Barack Obama, les États-Unis ont accru leurs pressions sur le gouvernement et l'armée pakistanais, estimant qu'Islamabad a concentré ses offensives sur les talibans pakistanais responsables de la terreur sur son territoire mais ni sur les talibans afghans ni sur les combattants d'Al-Qaeda.

Les États-Unis ont également multiplié ces derniers temps les tirs de missiles par les drones de la CIA stationnés en Afghanistan pour tenter d'éliminer, dans les zones tribales, talibans afghans et responsables du réseau d'Oussama ben Laden.

Selon des responsables pakistanais, un de ces avions sans pilote américains a tiré deux missiles et tué au moins trois personnes mardi dans le district tribal du Waziristan du Nord, où les experts pensent qu'Oussama ben Laden et ses principaux lieutenants se cachent.