La Corée du Nord a annoncé qu'elle était prête à des pourparlers bilatéraux et multilatéraux sur son programme nucléaire, dimanche, en recevant en grande pompe sur son sol le premier ministre chinois Wen Jiabao, selon l'agence officielle nord-coréenne KCNA reçue à Séoul.

Des déclarations en ce sens ont été faites par le premier ministre nord-coréen Kim Yong-il lorsqu'il s'est entretenu avec son homologue chinois, a précisé KCNA.

Le chef du gouvernement nord-coréen et son hôte «ont exprimé la volonté de parvenir à la dénucléarisation de la péninsule coréenne, chère au (défunt, ndlr) président (et fondateur de la Corée du Nord, ndlr) Kim Il-Sung, à travers des dialogues bilatéraux et multilatéraux», a ajouté l'agence.

Pyongyang a réaffirmé à cette occasion que les États-Unis étaient responsables de «la survenue du problème nucléaire dans la péninsule coréenne», selon la même source.

Déjà, en recevant à la mi-septembre un émissaire chinois, le numéro un nord-coréen Kim Jong-il avait affiché des signes d'apaisement en se déclarant prêt à retourner à la table des discussions «bilatérales et multilatérales».

Une escalade des tensions avait mis un coup d'arrêt aux tractations à six pays (deux Corée, États-Unis, Chine, Japon, Russie).

Pyongyang s'est retiré en avril de ces pourparlers hébergés depuis 2003 par Pékin et qui visent à faire renoncer Pyongyang à ses ambitions atomiques en échange d'une aide dans le domaine énergétique.

Wen Jiabao, dont le pays est allié à la Corée du Nord, a eu droit au tapis rouge et à la présence de Kim Jong-il à son arrivée dimanche à l'aéroport de Pyongyang.

Une garde d'honneur et des femmes agitant des drapeaux chinois avaient été convoquées pour ce déplacement de trois jours, qui constitue la visite du plus haut responsable chinois depuis celle du président Hu Jintao en 2005.

M. Wen était accompagné du chef de la diplomatie, Yang Jiechi, et de l'émissaire chinois pour les pourparlers à six sur le nucléaire, Wu Dawei, selon l'agence Chine nouvelle.

Le premier ministre chinois a signé dimanche une série d'accords de coopération avec son homologue Kim Yong-il et s'entretiendra lundi avec Kim Jong-il, ont fait savoir les agences Chine nouvelle et Yonhap.

Pékin est le premier partenaire économique de Pyongyang et les deux pays sont liés par un accord de défense mutuel depuis 1961.

Ce déplacement a été présenté comme une «visite officielle amicale» par les médias officiels chinois et Yonhap a laissé entendre que Kim Jong-il pourrait faire une «annonce importante» en rapport avec les négociations sur le nucléaire actuellement au point mort.

Les sanctions internationales à l'encontre de la Corée du Nord ont été durcies à la suite du tir par Pyongyang, début avril, d'un missile à longue portée. La Corée du Nord a estimé «injustes» les sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU, affirmant que l'engin était destiné à mettre en orbite un satellite de communications.

En représailles, Pyongyang a non seulement quitté les négociations sur sa dénucléarisation mais procédé, le 25 mai, à son deuxième essai nucléaire depuis celui d'octobre 2006.

Le régime communiste a ensuite fait monter la pression en menaçant de ne pas abandonner le nucléaire et d'utiliser son plutonium à des fins militaires.

Selon Yonhap, le représentant spécial des États-Unis pour la Corée du Nord, Stephen Bosworth devrait annoncer un déplacement à Pyongyang, dans le sillage de celui de M. Wen.

Les États-Unis considèrent que la dénucléarisation du Nord passe par un règlement multilatéral et rejettent l'idée, avancée par les Nord-Coréens, de discussions strictement américano-coréennes remplaçant les pourparlers à six pays.

Pyongyang juge que les États-Unis sont les seuls à pouvoir offrir au régime ce qui l'intéresse vraiment : un pacte de non agression, voire un traité de paix.