«Je m'en allais au court de tennis quand j'ai senti la terre vibrer, comme si des chars d'assaut passaient à côté de moi. Le bruit est devenu de plus en plus fort et les édifices se sont mis à trembler.»

Un an après le tremblement de terre qui a fait 87 000 morts et disparus dans le sud-ouest de la Chine, Wang Dongbo, qui étudiait à l'Université de Chengdu, se rappelle encore ses nuits de sommeil interrompu en mai dernier, les secousses faisant trembler la terre de longues semaines après le séisme du 12 mai.

 

Dans les cinq jours qui ont suivi le séisme, il s'est transformé en volontaire de la Croix-Rouge, en attendant l'arrivée de vrais médecins et infirmières.

«Plusieurs blessés devaient transiter par Chengdu, j'aidais à désinfecter les plaies», raconte-t-il.

S'il poursuit maintenant ses études de génie à Pékin, de nombreux Chinois et étrangers sont encore dans les zones affectées, en train de reconstruire des villages dont il ne subsistait que ruines et désolation. «La construction va rondement», souligne Yunhong Zhang, de la Croix-Rouge canadienne, qui rentre de Hanwang, un des hameaux les plus durement touchés par le séisme d'une intensité de 8 sur l'échelle de Richter.

Le gouvernement chinois a promis que, d'ici l'hiver, tous les sinistrés des régions rurales pourront quitter leur maison de fortune et réintégrer un véritable logis. Jusqu'à présent, la Chine a dépensé l'équivalent de quelque 60 milliards de dollars canadiens pour reconstruire la région, soit le tiers de la somme prévue.

Mais ce blitz de coups de marteaux et de rétrocaveuses ne répare pas tout. «On voit encore de la frustration», constate Mme Zhang.

En effet, de nombreux parents qui ont perdu leur enfant n'acceptent toujours pas la conclusion de Pékin selon qui il n'y a aucune preuve de négligence humaine dans l'effondrement de milliers d'écoles.

Des parents soutiennent depuis un an que la corruption a mené à l'érection de bâtiments de piètre qualité, qui se sont effondrés plus vite que d'autres. Sur place, dans les petits villages au nord-ouest de la capitale provinciale Chengdu, il était d'ailleurs frappant de voir des écoles écroulées à côté d'autres édifices qui ont résisté au séisme.

En plus, des parents qui ont voulu aller se recueillir là où le béton des écoles a tué leur enfant se plaignent du harcèlement de policiers, qui les en empêcheraient.

Conscient de cette «frustration», Pékin a tout récemment rendu public le nombre d'écoliers qui ont péri le 12 mai: 5335. Un chiffre en deçà de la réalité, selon plusieurs critiques, qui notent que le gouvernement n'a pas révélé les noms ni les lieux précis où les jeunes sont morts.

Le mois dernier, le gouvernement central a lancé un programme d'examen des écoles publiques pour que celles-ci soient renforcées, au besoin, dans les régions à risques et qu'elles puissent résister à un tremblement de terre de 8 sur l'échelle de Richter.

Pékin a aussi profité hier de cette veille d'anniversaire pour rendre public un livre blanc sur les situations d'urgence en Chine. Il prévoit que, pour réagir plus vite dans de pareils cas, le nombre d'entrepôts abritant tentes, médicaments et autre matériel de secours passe de 10 à 24 dans le pays.

 

LE SÉISME EN CHIFFRES

87 000 morts et disparus

5335 écoliers ont perdu la vie, selon les sources officielles

1,5 million de maisons doivent être reconstruites

13 milliards de dollars d'aide reçue, tant localement que de l'étranger

45 millions de dollars recueillis par la Croix-Rouge canadienne

SOURCE: XINHUA ET CROIXROUGE CANADIENNE