Les Tigres tamouls ont accusé mardi les forces gouvernementales d'avoir tué au moins 45 civils dans de nouveaux bombardements et tirs de mortier dans le nord-est du Sri Lanka où les rebelles sont acculés.

Les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE) ont affirmé qu'un hôpital de fortune situé à Mullivaikal avait été touché mardi matin, ajoutant que des victimes de récents bombardements avaient de nouveau été frappées.

«D'intenses bombardements et des tirs de mortier ont touché l'hôpital ce matin tuant 45 personnes», a indiqué S. Puleedevan, un porte-parole des LTTE, joint par téléphone.

«La plupart (des victimes) avaient été blessées dans les attaques de dimanche», a-t-il ajouté. Les LTTE, par l'intermédiaire du site Tamilnet.com qui leur est favorable, avaient assuré lundi que 3200 civils innocents avaient été tués lors de ces attaques.

Un porte-parole de l'ONU à Colombo avait évoqué lundi un bilan de 100 enfants figurant parmi les victimes civiles de ce week-end tout en dénonçant un «bain de sang».

Le gouvernement a démenti faire usage d'armes lourdes accusant à son tour les Tigres d'avoir délibérément tué ou blessé 250 civils dans le but de «salir l'image des forces de sécurité auprès de l'opinion publique nationale et internationale».

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit lundi «consterné» par la mort de centaines de civils pendant le week-end et a exhorté le gouvernement «à explorer toutes les options possibles pour mettre fin au conflit sans nouvelle effusion de sang».

«Il n'y a aucun doute sur des pertes civiles à grande échelle», a déclaré de son côté le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband, estimant, tout comme ses homologues français Bernard Kouchner et autrichien Michael Spindelegger, que le Conseil de sécurité devait se saisir de la question.

L'ONU et des organisations non-gouvernementales s'élèvent depuis plusieurs semaines contre une catastrophe humanitaire dans le nord-est de l'île, où des milliers de civils sont pris au piège dans la zone des combats, interdite aux médias.

D'après des estimations de l'ONU, 6500 civils ont probablement été tués et 14 000 blessés entre fin janvier et mi-avril.

En quatre mois, l'ONU pense que près de 200 000 personnes ont fui les combats et ont été regroupées dans des camps dans le nord.

Aucune information n'est vérifiable dans cette zone verrouillée par les autorités.

Les LTTE, jadis maîtres d'une large partie du nord et du nord-est du Sri Lanka, ont subi une véritable déroute depuis la mi-février. Ils ont abandonné le contrôle de leurs principaux bastions, et le territoire qu'ils contrôlent est aujourd'hui réduit à une poche de quelques kilomètres carrés où l'armée, qui a affirmé mardi avoir encore progressé en territoire rebelle, assure être en passe de l'emporter.