La Corée du Nord a affirmé jeudi avoir informé des organismes internationaux de transport du lancement prochain d'un «satellite de télécommunications» qui pourrait survenir entre le 4 et le 8 avril, selon l'agence sud-coréenne Yonhap.

L'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), une agence de l'Onu basée à Montréal, a confirmé avoir été informée.

«Je peux confirmer que l'OACI a reçu hier une lettre du directeur général de l'aviation civile de la Corée du Nord avec la date et les coordonnées du vol de la fusée», a dit son porte-parole Denis Chagnon à l'AFP. «La lettre indique que le lancement aura lieu entre le 4 et le 8 avril», a ajouté le porte-parole.

Le régime communiste a fourni à l'OACI et à l'Organisation maritime internationale (OMI) «les informations nécessaires pour la sécurité des avions et des bateaux» dans le cadre du lancement d'un «satellite de télécommunications expérimental», a de son côté indiqué l'agence officielle nord-coréenne, KCNA, qui ne précise pas la date du tir.

La lettre d'une page reçue par l'OACI contient effectivement «toutes les données nécessaires, avec les coordonnées pour délimiter l'espace aérien qui serait à éviter» pour les compagnies aériennes, a confirmé M. Gagnon.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est déclaré «inquiet» jeudi des «récentes actions entreprises par la Corée du Nord pour lancer un satellite ou des missiles longue portée».

«Cela menacerait la paix et la sécurité dans la région», a-t-il estimé.

Les Etats-Unis et la Corée du Sud ont adjuré le Nord ces dernières semaines de renoncer à son projet, redoutant que le régime communiste ne procède en réalité à un nouvel essai de missile longue portée.

Les spéculations abondent depuis plusieurs semaines sur la nature de la fusée nord-coréenne.

La dictature communiste avait provoqué une crise internationale à l'été 1998 lorsqu'elle avait tiré un missile longue portée Taepodong-1 qui avait survolé une partie du Japon avant de s'abîmer dans l'océan Pacifique.

Elle avait à l'époque annoncé avoir lancé «un engin lanceur de satellite».

Le directeur du renseignement américain Dennis Blair, auditionné par une commission du Sénat, s'est pourtant dit convaincu, mardi, que Pyongyang prévoyait bien un tir dans l'espace dans le cadre de son programme spatial.

«Les Nord-Coréens ont annoncé qu'ils allaient effectuer un tir dans l'espace, et je pense que c'est ce qu'ils ont l'intention de faire», a déclaré M. Blair.

Des responsables américains et sud-coréens ont affirmé le mois dernier que Pyongyang s'apprêtait à effectuer depuis son site de Musudan-ri (nord-est) un tir de missile longue portée Taepodong-2 pouvant, théoriquement, atteindre l'Alaska.

Le Comité spatial national nord-coréen avait fait état, fin février, d'intenses préparatifs en cours «pour le lancement d'une fusée Unha-2 visant à mettre un satellite de communications Kwangmyongsong-2 en orbite», dans un communiqué relayé par KCNA.

Le 16 février, jour du 67e anniversaire de son dirigeant Kim Jong-Il, le régime communiste avait argué de son «droit souverain» à poursuivre un programme spatial et annoncé le lancement imminent d'une fusée.

Le Japon, sur les dents depuis le tir de 1998, s'est dit prêt à abattre tout lanceur nord-coréen qui se dirigerait vers l'archipel.

Pyongyang a promis de réagir contre toute tentative d'interception de son «satellite» avertissant qu'il pourrait en résulter une «guerre».

Dotée de l'arme nucléaire, la Corée du Nord est engagée dans de laborieuses négociations à six (deux Corée, Etats-Unis, Japon, Chine et Russie) en vue d'un démantèlement de ses installations atomiques en échange d'une aide économique et de garanties de sécurité.