Le ministre indien des Affaires étrangères Pranab Mukherjee a exclu jeudi une action militaire contre le Pakistan, mais a qualifié son voisin d'«épicentre» des attentats de Bombay fin novembre pour lesquels New Delhi réclame à Islamabad l'extradition de 40 suspects.

«Ce n'est pas la solution», a répondu le chef de la diplomatie indienne à un parlementaire à New Delhi qui estimait que l'Inde devrait attaquer le Pakistan en représailles au carnage de Bombay (163 morts et 9 assaillants tués).«Les maîtres d'oeuvre des attentats de Bombay étaient au Pakistan», a répété le ministre devant le Parlement, ajoutant qu'il existait «une preuve irréfutable selon laquelle l'épicentre de ces attaques --non seulement celles-là mais aussi beaucoup d'autres-- se trouvait chez notre voisin».

L'Inde et les Etats-Unis imputent les attaques de Bombay du 26 au 29 novembre à un groupe islamiste cachemiri pakistanais clandestin, le Lashkar-e-Taïba (Let). New Delhi affirme que les 10 membres du commando venaient tous du Pakistan.

Après les attentats, New Delhi avait annoncé avoir remis à Islamabad une liste de 20 suspects dont elle réclame l'arrestation et l'extradition.

«Nous leur avons donné une liste de 40 personnes --pas d'une personne, pas de 20 personnes, mais de 40-- et nous avons souligné que leur déni n'allait pas résoudre le problème», a prévenu M. Mukherjee.

Le ministre a accusé ces 40 suspects d'avoir «pris part à des actions terroristes» et d'avoir «trouvé refuge» au Pakistan.

Sur cette liste, figure Dawood Ibrahim, un chef mafieux indien recherché pour les attentats perpétrés à Bombay le 12 mars 1993 (257 morts) et Maulana Masood Azhar, un dignitaire musulman pakistanais qui avait été élargi d'une prison en Inde en échange de la libération de passagers d'un avion indien détourné en Afghanistan en 1999.

«Vous les arrêtez et vous nous les livrez», a lancé le ministre des Affaires étrangères à l'adresse du Pakistan.

L'Inde n'a toujours pas fourni officiellement à Islamabad de preuves de l'implication de Pakistanais dans les attaques de Bombay, a répondu jeudi le ministère de l'Intérieur pakistanais.

Rehman Malik, qui fait office de ministre de l'Intérieur auprès du premier ministre pakistanais, a cependant promis que son pays continuerait à arrêter --mais dans le cadre de sa propre enquête, comme il le fait depuis samedi-- des suspects membres ou liés au Lashkar-e-Taïba.