Les démocrates ont longtemps honoré les présidents Thomas Jefferson et Andrew Jackson en donnant leur nom aux soupers-bénéfices organisés dans chaque État par les antennes locales de leur parti, dont ils sont reconnus comme les fondateurs. Le premier est salué pour son expression visionnaire du concept de l'égalité, alors que le second l'est pour sa défense de la démocratie populaire.

Or, comme l'explique le New York Times dans cet article, le Parti démocrate de quatre États - Iowa, Georgie, Connecticut et Missouri - ont largué Jefferson et Jackson, et cinq autres songent à le faire. Ce mouvement a pris naissance après la tuerie de Charleston et illustre le désir de certains démocrates de se dissocier de deux présidents esclavagistes, dont l'un (Jackson) a orchestré en outre la déportation des Amérindiens à l'ouest du Mississippi.

Andrei Cherny, ancien rédacteur de discours pour Bill Clinton, exprime ainsi son opposition au rejet de Jefferson et Jackson par des militants du Parti démocrate :

«Que représente le Parti démocrate? Jefferson, Jackson et les idées qu'ils ont défendues, l'élargissement des possibilités économiques et démocratiques, ont constitué les fondements du Parti démocratique. C'est ce qui a unifié le parti au-delà des divisions régionales et autres pendant près de 200 ans. Maintenant, ce qui unit tout le monde, de Kim Kardashian au militant du Kansas, c'est le libéralisme culturel et les droits civiques.»

Douglas Wilder, premier gouverneur afro-américain de Virginie et descendant d'esclaves, donne l'autre son de cloche à propos de Jefferson et Jackson :

«Quel homme du peuple avaient-ils en tête? Avaient-ils en tête l'esclave ordinaire?»