Tout au long de la campagne présidentielle, les internautes ont été exposés à des nouvelles dont la nature frauduleuse semblait évidente à la seule lecture des titres qui les coiffaient. J'ai, pour ma part, rangé tout de suite dans cette catégorique cette histoire concernant le Comet Ping Pong, une pizzéria de Washington qui serait devenue le repaire d'un cercle de pédophile mené par Hillary Clinton et John Podesta, président de sa campagne présidentielle. On trouve ici l'anatomie de la chaîne d'information qui a donné naissance au «PizzaGate» quelques jours avant le scrutin du 8 novembre.

Bien sûr, une certaine droite a propagé cette histoire, parvenant à convaincre ou à intéresser certains esprits malicieux ou complotistes. Figure parmi ce groupe Edgar Maddison Welch, un citoyen de Caroline-du-Nord âgé de 28 ans, qui a été arrêté hier après avoir franchi la porte du Comet Ping Pong et pointé un fusil semi-automatique AR-15 en direction d'un employé du restaurant. Ce dernier a réussi à s'enfuir et à alerter la police. Avant d'être arrêté, Welch a tiré un ou deux coups de feu à l'intérieur du restaurant sans blesser personne. Il voulait semble-t-il mener sa propre enquête sur le cercle pédophile.

Fait remarquable : le fils du prochain conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, le général retraité Michael Flynn, a maintenu hier sur Twitter que la fausseté du PizzaGate n'avait pas encore été démontrée. Il y a trop de «coïncidences», selon lui.

En temps normal, la propension que manifeste Michael Flynn fils pour les théories de complot ne nous intéresserait pas. Mais il se trouve que son père a le même penchant. Le conseiller de Trump a relayé plusieurs thèses douteuses sur Twitter, dont l'une impliquait également Clinton dans une autre affaire de pédophilie.

Mais le général à la retraite ne se contente pas de relayer des théories de complot sur Twitter. Il a notamment fait suer ses subalternes à l'époque où il dirigeait l'Agence de renseignement militaire avec une thèse impliquant l'Iran dans l'attaque meurtrière contre la mission américaine de Benghazi le 11 septembre 2012. Selon ce portrait peu rassurant du New York Times, Flynn a ordonné à ses analystes de prouver le rôle de l'Iran et de démontrer que la Maison-Blanche était dans l'erreur sur les circonstances ayant mené à l'attaque.

La preuve recherchée par Flynn n'a jamais été trouvée. Mais le général retraité peut compter sur son fils pour lui fournir d'autres théories de complot.