Six ans de prison ferme pour Pierre Falcone et Arcadi Gaydamak, un an ferme pour l'ancien ministre de l'Intérieur Charles Pasqua et 15 mois pour l'ancien préfet Jean-Charles Marchiani: le tribunal correctionnel de Paris a eu la main lourde, hier, envers les principaux responsables et bénéficiaires d'un trafic illicite d'armes entre la France et l'Angola, pays alors en guerre civile et soumis à un embargo de l'ONU.

La justice enquête depuis plus de 10 ans sur les activités de Falcone et Gaydamak, qui avaient vendu, sans autorisation gouvernementale française, armes et matériels lourds au régime angolais du président José Edouardo dos Santos, en 1993 et 1994. Le montant de ces ventes est estimé à un peu moins de 791 millions US.

Six prévenus, dont l'ancien conseiller Jacques Attali et le président de la Miviludes, Georges Fenech, ont été relaxés, 36 autres condamnés à des peines comprises entre trois mois de prison avec sursis et six ans de prison ferme et des amendes pouvant atteindre 500 000 euros. D'importants dommages et intérêts devront être versés notamment au fisc.

«Rarement on avait atteint un tel degré dans l'organisation et la dissimulation d'une délinquance générant des profits considérables», note le jugement.

Jean-Christophe Mitterrand, le fils aîné de l'ancien président de la République, a été condamné à deux années d'emprisonnement avec sursis et 375 000 euros d'amende pour avoir touché des commissions en marge du trafic d'armes, mais a été relaxé des poursuites pour «complicité de commerce illicite d'armes».

L'ancien ministre de l'Intérieur, Charles Pasqua a écopé de trois ans d'emprisonnement, dont deux avec sursis, et 100 000 euros d'amende pour trafic d'influence.

C'est la première fois que le sénateur des Hauts-de-Seine se voit infliger une peine de prison ferme pour être intervenu, contre paiement, pour faire décerner l'Ordre national du mérite à M. Gaydamak.