Les autorités de transition à Madagascar, dont la prise de pouvoir est contestée par la communauté internationale, ont proposé une élection présidentielle en octobre 2010, à l'issue de deux jours d'assises nationales.

Ces assises «marquent le coup d'envoi du renouveau démocratique et préfigurent déjà la force de la démocratie que nous voulons sauver à Madagascar», a déclaré dans son discours de clôture le nouvel homme fort de Madagascar et président de la Haute autorité de transition (HAT), Andry Rajoelina.

«Concernant les calendriers électoraux, sous réserve de l'adoption du projet de Constitution validée par la Conférence nationale, les assises recommandent les échéances suivantes: une Conférence nationale avant le 26 juin (2009), un référendum constitutionnel en septembre (2009), une élection présidentielle en octobre 2010», selon le texte final adopté.

Des élections législatives sont également annoncées pour mars 2010. Le nouveau régime a en effet suspendu le Parlement le 19 mars.

Le texte final ne précise pas si M. Rajoelina ou le président malgache déchu, Marc Ravalomanana, seront autorisés à participer à cette élection. Dans l'actuelle Constitution, un candidat à la présidence doit avoir au moins 40 ans, alors que M. Rajoelina n'en a que 34 aujourd'hui.

Ces assises ont été boycottées par le parti TIM de M. Ravalomanana, qui a organisé depuis plusieurs jours des manifestations à Antananarivo de plusieurs milliers de partisans de la «légalité» et du retour de M. Ravalomanana.

Le TIM, en collaboration avec un comité de parlementaires, a organisé ce vendredi des «contre-assises» ayant réuni plusieurs centaines de personnes.

Lâché par l'armée, M. Ravalomanana, au pouvoir depuis 2002, a été contraint le 17 mars à transférer ses pouvoirs à un directoire militaire, qui les a remis quelques heures plus tard à M. Rajoelina, alors chef de l'opposition.

Ces transferts de pouvoir ont été validés par la Haute Cour constitutionnelle (HCC) malgache.

Madagascar est plongé depuis fin janvier dans sa pire crise politique et sociale depuis 2002, qui a fait plus d'une centaine de morts.

Ces assises nationales ont réuni jeudi et vendredi quelque 1200 participants (membres de la transition, responsables militaires et religieux, partis politiques, société civile).

Selon les recommandations des assises, la Conférence nationale sera chargée de plancher sur les réformes de la Constitution et du code électoral, en se basant sur des conférences régionales qui devraient être organisées en mai dans les 22 régions de la Grande-Ile.

En outre, les assises ont recommandé la mise en place d'une Commission nationale indépendante et d'un comité économique chargé de proposer des mesures d'urgence pour relancer l'économie.

Elles recommandent aussi «la mise en place d'un comité des forces armées chargé de veiller à l'unité des forces armées et de renforcer l'ordre et la sécurité publique», ainsi que d'un «comité socio-culturel» pour proposer «des mesures d'urgence pour rétablir la paix sociale et sauvegarder les valeurs malgaches».

Depuis la mi-mars, M. Rajoelina s'efforce d'asseoir son pouvoir malgré les condamnations de la communauté internationale, qui a jugé cette prise de pouvoir «inconstitutionnelle» et réclamé la tenue «rapide» d'élections.

L'Union africaine (UA), la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) et l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) ont suspendu Madagascar. Les Occidentaux ont condamné ce qu'ils considèrent comme un «coup d'Etat».