Le procès des trois hommes accusés du meurtre de la journaliste russe Anna Politkovskaïa a été suspendu jeudi pour dix jours, soulevant des doutes quant à la transparence et l'équité de la procédure.

Pour justifier ce report, le juge a expliqué qu'un avocat de la défense avait un problème de calendrier, ce qu'a pourtant démenti le conseil.

Par ailleurs, l'un des jurés a assuré que c'était le tribunal militaire de Moscou qui avait décidé le huis clos, et non le jury.

Les débats avaient été ouverts à la presse lundi. Puis mercredi, la cour avait annoncé un huis clos, expliquant que les jurés craignaient pour leur sécurité. Or «l'initiative n'est pas venue de nous», a déclaré jeudi l'un des jurés, Ekho Moskvy, à une radio russe.

Anna Politkovskaïa, dont les articles critiques sur les violations des droits de l'Homme en Tchétchénie embarrassaient le Kremlin, a été abattue à l'âge de 48 ans dans son immeuble le 7 octobre 2006 à Moscou.

Trois hommes comparaissent devant le tribunal militaire de Moscou, qui sont accusés d'avoir apporté un soutien logistique à l'assassinat. Il s'agit de Sergueï Khadjikourbanov, ex-officier de police moscovite, et de deux frères, Ibrahim et Djabrail Makhmoudov. D'après le ministère public, l'homme soupçonné d'avoir appuyé sur la gâchette est leur frère, Roustam Makhmoudov, qui a fui le pays.

L'affaire est jugée par un tribunal militaire car un quatrième accusé, Pavel Riagouzov, est un agent du Service fédéral de sécurité (FSB). Il est soupçonné de liens avec Khadjikourbanov dans une affaire distincte, mais n'a pas été inculpé directement dans l'enquête sur l'assassinat d'Anna.