Trente éléphants ont été abattus en à peine deux semaines dans le parc national de la Garamba, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), près de la frontière sud-soudanaise, ont annoncé lundi les gestionnaires du Parc.

Parmi les principaux suspects du massacre figure un groupe de braconniers soudanais, a expliqué Jean-Marc Froment, directeur chargé de la Conservation d'African Parks, une ONG qui cogère le parc de la Garamba avec l'Institut congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN).

Cette annonce a lieu alors que s'est ouvert lundi une conférence internationale à Kasane, au Botswana, pour tenter de sauver l'éléphant d'Afrique, dont l'existence est menacée à court terme par l'explosion du braconnage, alimenté par la demande d'ivoire en Asie et au Moyen-Orient, et la destruction de son habitat.

«Un groupe de Soudanais du Nord s'est introduit dans le parc, s'est réparti en petits groupes et durant quinze jours a abattu 30 éléphants», a déclaré M. Froment à l'AFP.

«Ces gens ont beaucoup chassé en République centrafricaine et dans le nord (de la République démocratique) du Congo, mais la densité d'éléphants là-bas est très faible, donc ils vont de plus en plus loin», a-t-il expliqué. «Ils cherchent les derniers éléphants, comme tout le monde, ce sont des chasseurs d'éléphants très expérimentés».

Le parc national de la Garamba abrite quelque 1700 éléphants, selon un recensement effectué en 2014, en faisant une cible pour les braconniers. Les quelque 150 «rangers» du parc doivent surveiller environ 13 000 km carrés de savanes et de forêts.

En juin 2014, des braconniers avaient abattu - certains à partir d'un hélicoptère - 68 éléphants en deux mois dans la Garamba, soit 4 % de la population de pachydermes du parc, un massacre déjà attribué à des chasseurs soudanais, qui sillonnent l'Afrique centrale à cheval, parfois sur des milliers de kilomètres.

Des braconniers soudanais sont également soupçonnés d'être responsables du massacre de 300 éléphants dans le parc national de Bouba N'Djida, dans le nord du Cameroun en février 2012, puis d'au moins 89 autres près de Ganba, dans le sud du Tchad en mars 2013.

Selon les chiffres présentés à la conférence de Kasane, lundi, il restait quelque 470 000 éléphants à l'état sauvage en 2013 en Afrique, contre 20 millions au début du XXe siècle et 1,2 million en 1980.

Les défenseurs de l'environnement estiment qu'entre 20 000 et 30 000 éléphants sont massacrés chaque année sur le continent, générant un trafic d'environ 188 millions de dollars qui financent notamment mafias et groupes armés, souvent avec la complicité d'élites locales.