La planète a besoin d'un changement de trajectoire radical si elle veut atteindre les objectifs climatiques ambitieux contenus dans l'accord de Paris, a prévenu jeudi l'agence environnementale des Nations unies.

Le Programme des Nations unies pour l'environnement précise que la planète doit retrancher entre 12 et 14 milliards de tonnes métriques à ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030, si elle veut pouvoir espérer limiter le réchauffement de la planète à deux degrés Celsius.

C'est l'objectif stipulé par l'accord de Paris, qui entrera en vigueur vendredi après avoir été ratifié beaucoup plus rapidement que prévu par les pays du monde.

Le PNUE explique que cette quantité de gaz à effet de serre correspond à 12 fois les émissions annuelles du secteur des transports des 28 membres de l'Union européenne, y compris l'aviation.

«La science démontre clairement la nécessité d'agir plus rapidement, a dit le patron du PNUE, Erik Solheim. Les réfugiés qui fuient leurs pays pour échapper à la faim, à la pauvreté, à la maladie et aux conflits nous rappelleront constamment notre incapacité à prendre les décisions nécessaires.»

M. Solheim a ajouté que les efforts de la planète doivent débuter avec la conférence sur le climat qu'organise l'ONU au Maroc au cours des deux prochaines semaines.

La température de la planète a déjà augmenté de 1 degré Celsius depuis la révolution industrielle, quand l'humain a commencé à produire des gaz polluants qui allaient modifier le climat

Dans son rapport annuel sur les émissions, le PNUE calcule que les émissions annuelles ne pourront dépasser 42 milliards de tonnes de CO2 d'ici 2030 si la planète veut avoir une chance de limiter le réchauffement à deux degrés. Mais même avec les réductions de 54 à 56 milliards de tonnes prévues par l'accord de Paris d'ici 2030, poursuit le PNUE, la planète s'expose à un réchauffement d'entre 2,9 et 3,4 degrés Celsius.

L'année dernière a été la plus chaude jamais enregistrée et 2016 devrait battre ce record, selon des données préliminaires.

Les scientifiques expliquent que l'accumulation de CO2 et d'autres gaz à effet de serre dans l'atmosphère empêche la chaleur de se dissiper. Conséquemment, les glaciers fondent, le niveau des océans augmente et plusieurs coins de la planète sont frappés par des événements climatiques extrêmes.

La cible de deux degrés a été déterminée pour éviter le pire de ces impacts. L'accord de Paris évoque aussi une cible de 1,5 degré, à la demande des pays les plus menacés par la hausse des océans (comme les nations insulaires qui se trouvent au niveau de la mer).

Pour atteindre la cible de 1,5 degré, dit le PNUE, le monde devra retrancher entre 15 et 17 milliards tonnes de CO2 de plus à ses émissions d'ici 2030, ce dont doutent plusieurs experts à la lumière des tendances actuelles. Les émissions globales augmentent chaque année et ont atteint 52,7 milliards de tonnes en 2014, surtout en raison de la croissance rapide de puissances économiques comme la Chine et l'Inde.

Les émissions provenant des combustibles fossiles - la plus grande source d'émissions - se sont stabilisées depuis quelques années, mais le PNUE estime qu'il est trop tôt pour savoir s'il s'agit d'un changement temporaire ou permanent.