Le président Barack Obama a appelé mardi soir le Congrès à «faire plus pour combattre le changement climatique», avertissant qu'en l'absence d'avancées significatives sur le sujet, il procéderait par décrets.

«J'appelle ce Congrès à rechercher une solution bi-partisane (...) face au changement climatique (...), mais si le Congrès n'agit pas rapidement pour protéger les générations futures, je le ferai», a-t-il déclaré lors de son discours sur l'état de l'Union.

«J'ordonnerai à mon cabinet de me présenter les textes que nous pouvons prendre, maintenant et à l'avenir, pour réduire la pollution, préparer nos communautés aux conséquences du changement climatique, et accélérer la transition vers davantage de sources d'énergies renouvelables», a précisé le président, même si sa marge de manoeuvre en l'absence d'accord du Congrès est limitée.

Peu après son arrivée au pouvoir en 2009, M. Obama avait proposé un ambitieux projet de loi sur l'énergie et le climat visant à réduire sensiblement les émissions de CO2 des États-Unis, deuxième émetteur de gaz à effet de serre derrière la Chine.

Mais il s'est vite heurté à l'hostilité d'une large partie du Congrès et a fait machine arrière. M. Obama, relativement discret sur le sujet pendant la campagne pour sa réélection à la Maison-Blanche, a par ailleurs profité de son discours sur l'état de l'Union pour lancer un avertissement à ceux qui doutent de la réalité du changement climatique. «Nous pouvons choisir de croire que l'ouragan Sandy, les plus graves sécheresses depuis des décennies et les pires feux que certains États ont connus ne sont que pure coïncidence», a-t-il lancé.

«Ou nous pouvons choisir de croire le verdict écrasant de la science et agir avant qu'il ne soit trop tard».

Développer les énergies propres

«Oui, il est vrai qu'aucun événement isolé ne fait une tendance. Mais le fait est que les 12 années les plus chaudes jamais enregistrées l'ont été au cours des 15 dernières années», a-t-il souligné.

«Les vagues de chaleur, les sécheresses, les feux et les inondations sont aujourd'hui plus fréquents et plus intenses».

Le président américain a une nouvelle fois appelé à une profonde mutation énergétique pour réduire les émissions de gaz à effet de serre des États-Unis et gagner en compétitivité économique. «Il y a quatre ans, d'autres pays dominaient le marché des énergies propres et créaient les emplois qui vont avec. Nous avons commencé à changer cela.

L'an dernier, l'énergie éolienne a représenté près de la moitié des nouvelles capacités de production d'électricité en Amérique. Donc produisons-en même davantage. L'énergie solaire devient meilleur marché cette année, donc abaissons encore davantage ses coûts», a-t-il suggéré.

«Quand des pays comme la Chine continuent à développer les énergies propres, nous devons y aller aussi», a-t-il souligné.

En matière de pétrole et surtout de gaz, source d'énergie qui connaît un boom aux États-Unis, M. Obama a assuré que son gouvernement allait «accélérer la délivrance de nouveaux permis».

Mais il a aussi dit qu'il voulait «travailler avec le Congrès pour encourager la recherche et la technologie afin d'aider le gaz à brûler de manière plus propre et à protéger notre air et notre eau».

Il a proposé qu'une partie des revenus pétroliers serve à constituer un fonds de sécurité énergétique (Energy Security Trust) afin que la recherche et la technologie permettent aux voitures et aux camions de moins dépendre du pétrole. Le président américain a enfin fixé «un nouvel objectif» à l'Amérique : «réduire de moitié l'énergie dépensée dans nos maisons et nos entreprises d'ici les vingt prochaines années».