L'enquête du coroner sur la mort de Fredy Villanueva reprend aujourd'hui avec le témoignage des ambulanciers qui ont tenté de sauver la vie du jeune homme de 18 ans. Demain, l'agente Stéphanie Pilotte, coéquipière du policier qui a tiré sur Villanueva, poursuivra son témoignage interrompu il y a plus d'un mois. Bien que l'enquête ne fasse que commencer, l'un des témoins-clés, Jonathan Sénatus, soupçonne les deux agents d'avoir «manigancé « pour accorder leur version.

L'un des témoins-clés de la mort de Fredy Villanueva, Jonathan Sénatus, accuse les policiers Jean-Loup Lapointe et Stéphanie Pilotte d'avoir «manigancé» pour accorder leur version des faits, alors que lui s'est senti «forcé» de donner la sienne dans les heures suivant le drame.

 

Le jeune homme de 21 ans n'a pas mâché ses mots, hier, quand des médias lui ont demandé ce qu'il pensait des débuts de l'enquête du coroner où il sera lui-même appelé à témoigner. Jonathan Sénatus s'est présenté devant le tribunal pour le prononcé de sa peine dans une affaire de possession illégale d'arme à feu (voir autre texte).

Les ambulanciers témoignent

L'enquête publique du coroner André Perreault reprend aujourd'hui, au palais de justice de Montréal, avec le témoignage des ambulanciers qui ont tenté de sauver la vie de Fredy Villanueva. Quant à la policière Stéphanie Pilotte, qui avait commencé à parler de son travail de patrouilleuse dans le «Bronx» de Montréal en octobre dernier, elle poursuivra son récit demain.

Au rythme où l'enquête se déroule, son coéquipier, Jean-Loup Lapointe, devrait témoigner au début de 2010. Suivront les cinq jeunes témoins du drame, dont Jonathan Sénatus. Contrairement à Danny Villanueva, le frère de Fredy, qui a assisté à la première semaine des travaux, Jonathan Sénatus a suivi les développements à distance. Cet agent de service à la clientèle était trop occupé au travail pour y assister.

«Si les policiers étaient intervenus correctement, Fredy ne serait pas mort, croit-il. Moi, j'ai tout vu comme si je regardais un film.» Jamais, insiste-t-il, les jeunes témoins n'ont encerclé ni étranglé les policiers, comme le voulait la thèse de départ de la Sûreté du Québec.

La première semaine des audiences a révélé que les agents Lapointe et Pilotte n'avaient pas été séparés. Ils ont même pu rencontrer des représentants de leur syndicat le soir même. La SQ, elle, n'a pas cherché à les rencontrer ce soir-là. «Pour moi, ça a l'air d'une manigance pour se protéger. Ils ont eu le temps de préparer leur témoignage», déplore Jonathan Sénatus. Lui s'est senti «forcé» de donner sa version des faits dans les heures suivant la mort de son ami. «On ne savait pas qu'on avait le droit de ne rien dire. On était isolés. On avait tous l'impression qu'on était en état d'arrestation. On est restés dans un poste de police toute la nuit», a souligné le jeune témoin.

Les règles bafouées

Autre révélation des débuts de l'enquête du coroner: le SPVM n'a pas suivi ses propres règles internes sur l'application d'une politique ministérielle (transfert d'une enquête à un autre corps policier) le soir du 9 août 2008. Des informations inexactes ont été acheminées à la SQ et aux médias sur les circonstances de l'intervention. De plus, la présence sur les lieux ce soir-là d'une témoin, la femme du superviseur du SPVM qui a été le premier arrivé dans le parc à la suite de la fusillade, a été cachée à la SQ pendant près d'un mois.

«C'est honteux que les informations de base qui ont servi à mener l'enquête de la Sûreté du Québec aient changé depuis», a déploré Jonathan Sénatus.

Rappelons qu'aucune accusation criminelle n'a été retenue contre les agents Lapointe et Pilotte à la suite de l'enquête de la SQ. Lapointe, le policier qui a tué Fredy Villanueva et blessé deux autres jeunes, a invoqué la légitime défense.