Imaginez vous totalement seul sur un bateau de 60 pieds contre 29 autres concurrents, pendant 3 mois et plus, sur les mers les plus puissantes et féroces de la planète, à ne dormir parfois que quelques heures pendant une semaine complète, ne pouvoir recevoir d'assistance autre que par radio sous peine de disqualification et ce à plus de 3000 km de toute terre connue, dans des creux de vagues parfois de plus de 10 mètres et des vents de plus de 50 noeuds (100 km/h): bienvenue au Vendée Globe, la course autour du monde sans assistance et sans escale la plus demandante tant au niveau physique que psychologique depuis les débuts de la course à voile.

Pour vous en donner une idée:

http://www.vendeeglobe.org/fr/mediatheque/videos/play/20/

Le départ du Vendée Globe 2008 à été donné voilà maintenant 3 jours et c'est un tiers de la flotte de bateaux qui à connue des avaries ou des abandons. C'est en effet un golf de Gascogne déchainé avec des vents en rafales jusqu'à 55 noeuds et des vagues avec des creux de plus 7 mètres qui attendaient les 30 skippers de la mythique course en solitaire et sans assistance autour du monde moins de 24 heures après le départ. C'est dans ces mêmes eaux connues pour leurs conditions de navigation difficiles et avoir coulées plusieurs navires au fil des siècles que le navigateur Nigel Burgess avait trouvé la mort par noyade lors de l'édition de 1992/1993 de cette même épreuve.

En tout le golf aura démâté 3 bateaux et causé des dommages sévères à 2 autres embarcations sans compter 5 bateaux qui sont revenus au port des Sables d'Olonne suite à des problèmes techniques ce qui permet de prendre la mesure du mauvais temps qui a sévi et saisir quelque peu l'ampleur de ce qu'une course de 3 mois sur 4 océans peut réserver comme difficultés; Yannick Bestaven sur Aquarelle.com a vu son mât sortir de son emplanture (qui est l'encaissement sur le pont qui reçoit le mât) lors de la prise d'une vague destructrice, Marc Thiercelin sur DCNS, un des favoris, a lui aussi vécu un démâtage qui le force à l'abandon et Kyto de Pavant sur Groupe Bel lui à vu son mât se briser en plusieurs morceaux suite à un saut de vague. Ces trois concurrents sont maintenant officiellement hors course. Alex Thompson sur Hugo Boss a vu sa coque de bâbord (coté gauche du bateau en regardant vers l'avant de celui-ci) fendre dans la tempête et tente présentement de réparer et reprendre la course alors que Michel Desjoyeaux, gagnant de l'édition 2000/2001 a du rebrousser chemin au port des Sables d'Olonne suite à une avarie qui a crée une voie d'eau à un ballaste et qui a eu comme fâcheuse conséquence de complètement griller son système de génératrice électrique. Après réparation d'urgence, il a finalement repris un deuxième départ et se situe maintenant à plus de 400 miles nautiques du groupe de tête.

La tempête passée, 6 skippers mènent la course à l'intérieur d'une distance de moins de 25 miles nautiques. Sébastien Josse sur BT mène le train de bateaux avec 280 miles nautiques effectués en direction de l'arrivée de cette course qui fera près de 25 000 miles nautiques, soit un peu plus de 46 000 km. Il est suivi de près par le sympathique Jean-Pierre Dick sur Virbac Paprec, Loïc Peyron sur Gitatana Eighty, Roland Jourdain sur Veolia Environnement, Jean Le Cam sur VM Matériaux et finalement Vincent Riou, gagnant de l'édition 2004/2005 sur PRB. Deux femmes sont en course, Dee Caffari sur Aviva et Samantha Davies sur Roxy sont respectivement 12ième et 13ième et se tiennent présentement à l'intérieur de 60 miles nautiques du groupe des meneurs. Il reste à voir si l'une d'elles réussira à répéter les exploits d'Ellen Mc Arthur qui a terminé deuxième lors de l'édition de 2000/2001.

La météo s'annonce plus clémente pour les 2 ou 3 prochains jours (vivement les vacances disent les skippers) alors que le groupe de tête vient de passer le cap Finistère (au nord ouest de l'Espagne) avec une navigation au portant (donc une navigation pratiquement dans le même sens que le vent) sous grand voile haute et spinnaker maxi. Les skippers peuvent ainsi reprendre des forces, s'alimenter correctement et dormir plus sereinement après le coup de vent du début de course. Mais attention tout de même : le portant sous spi peut rapidement devenir une galère si la brise rentre... ils continuerons pendant près de 3 semaines la longue descente d'abord vers Madère et les Canaries suite à un empannage ( qui est un changement de l'axe de la bôme d'un coté à l'autre du bateau afin de prendre le vent de l'autre coté de la grande voile) pour ensuite passer le cap vert et descendre le long de la côte ouest du continent africain et ultimement saluer le passage du Cap de Bon Espérance qui ouvrira alors la régate sur l'Océan Indien en direction de L'Australie et du grand Pacifique. À noter que les prochains jours seront cruciaux pour les meneurs puisque c'est normalement à ce moment suite au départ que les skippers tablent leurs premières stratégies et tentent les premiers coups pour creuser l'écart et prendre avantage sur leurs concurrents. Tout talents de navigateurs inclus, c'est sans savoir ce que Miss Météo réserve à la troupe puisque c'est elle en fin de compte qui impactera le plus les concurrents et leurs choix.

À Suivre.