L'Allemand Heinrich Haussler (Cervélo) a réalisé une incroyable échappée à travers le massif vosgien pour remporter en solitaire sous la pluie la 13e étape du Tour de France, vendredi à Colmar (est), où l'Italien Rinaldo Nocentini (AG2R) a conservé son maillot jaune de leader.

Haussler, présent dans l'échappée lancée peu après le départ de Vittel, a distancé tous ses compagnons pour s'imposer après 200 kilomètres bouclés à plus de 40 km/h malgré les difficiles conditions météorologiques.

Le Français Sylvain Chavanel, le dernier à résister à l'incroyable numéro de l'Allemand, a lâché prise à une cinquantaine de kilomètres de l'arrivée.

Sur la ligne, Haussler a précédé de plus de quatre minutes l'Espagnol Amets Txurruka, le Basque parti en contre-attaque dans la descente du Platzerwasel, à quelque 55 kilomètres de Colmar.

Le Français Brice Feillu, vainqueur de l'étape d'Arcalis distancé par Txurruka dans le dernier col (Firstplan), a pris la troisième place à plus de six minutes, devant Chavanel.

Le premier peloton d'une soixantaine d'unités a rallié l'arrivée avec un retard approchant les sept minutes.

Haussler, impressionnant malgré le parcours difficile et la météo exécrable (pluie, vent, froid), est resté 197 kilomètres en tête alors qu'il était jusqu'à présent surtout considéré comme un routier-sprinteur (1,81 m pour 72 kg).

«Une journée dure»

L'Allemand a suivi sans attendre le premier attaquant, le Français Christophe Moreau. Tous deux ont vu revenir Chavanel et quatre autres coureurs (R. Pérez, Uran, Garate, Voigt) mais le peloton a longtemps mené la chasse (47,5 km dans la première heure).

Au 56e kilomètre, Haussler, Chavanel et l'Espagnol Ruben Pérez ont fini par se dégager pour s'assurer une avance supérieure à 6 minutes au sommet du col de Schlucht (Km 105).

Les favoris ne se sont pas attaqués dans cette étape contrôlée par l'équipe de l'Américain Lance Armstrong et de l'Espagnol Alberto Contador, qui est resté le plus souvent dans la roue de son coéquipier.

Le troisième homme de la formation Astana, l'Américain Levi Leipheimer, avait renoncé avant le départ à cause d'une fracture du scaphoïde (poignet droit).

«C'était une journée dure. Le plus dangereux, c'était dans les descentes à cause de la pluie», a souligné Nocentini, tout heureux de conserver le maillot jaune pour une septième journée.

Agé de 25 ans, Haussler a enlevé son premier succès dans le Tour auquel il participe pour la troisième fois.

Auteur d'un début de saison déjà fracassant, ce coureur né de père allemand et de mère australienne est passé tout près de la victoire dans Milan-Sanremo (2e) avant de prendre encore la deuxième place du Tour des Flandres.

Formé à l'école allemande de Cottbus mais désireux de courir à terme pour l'Australie, Haussler a remporté à ses débuts une étape de la Vuelta (2005).

Hushovd maillot vert

«Un grand jour», s'est félicité le vainqueur, en larmes au moment de franchir la ligne. «Je ne m'attendais pas à distancer Chavanel comme ça. Je me sentais à cent pour cent dans la course, malgré ou peut-être grâce au mauvais temps».

Dans le Tour 2009, il a signé la première victoire allemande, la deuxième pour son équipe Cervélo après celle du Norvégien Thor Hushovd à Barcelone (6e étape).

Après cette étape, l'Italien Franco Pellizotti a endossé le maillot à pois du meilleur grimpeur aux dépens de l'Espagnol Egoi Martinez.

Hushovd, 6e de l'étape, a repris le maillot vert du classement par points au Britannique Mark Cavendish.

«C'est une météo qui me convient», a estimé Hushovd, qui a commenté la performance de Haussler, son coéquipier: «Il m'a surpris aujourd'hui. Depuis le début de l'année, il est très fort. Il a fait une super journée. C'est un guerrier.»

Samedi, la 14e étape relie Colmar à Besançon sur un parcours sans réelle difficulté de relief de 199 kilomètres.

Une petite côte s'offre aux puncheurs à l'entrée de Besançon où l'arrivée est jugée après la traversée de l'agglomération, au bout d'une ligne droite de 220 mètres.

La ville (122.000 habitants) de Victor Hugo a accueilli le Tour dès 1905, lorsque la course se risqua pour la première fois en montagne (Ballon d'Alsace).

Lors de la dernière venue de la Grande Boucle, en 2004, Lance Armstrong avait dominé le contre-la-montre à la veille de remporter le sixième de ses sept Tours. Auparavant, les sprinteurs avaient confisqué la victoire (Van Poppel en 1988, Ludwig en 1990, Blijlevens en 1996).

Départ de Colmar à 12h40, arrivée à Besançon vers 17h18 (prévision à 43 km/h de moyenne).