Peyton Manning hurle le même jeu: «TRIPS RIGHT 255 X BLOCK SLANT H DISCO ALERT 12 TRAP.»

Les joueurs des Colts d'Indianapolis pivotent vers leur position. Il commence à crier les signaux pour la remise.

Non, attendez!

Le meilleur quart de la NFL a aperçu quelque chose qu'il n'aimait pas. Peut-être qu'un secondeur est placé pour le blitz dans l'angle mort. Ou qu'un demi de coin s'approche furtivement.

«Blue 15! Blue 15!», beugle-t-il.

Et maintenant, commence la «Symphonie Peyton». Tel un chef d'orchestre, il y va de cris et de nombreux gestes, avec ses pieds et ses mains gesticulant comme une marionnette qui se frustre. Un chaos chorégraphié, carrément. Manning est en mouvement.

Toute défensive est une matrice, et personne dans le football ne les résout comme le joueur par excellence de l'année.

«Il voit les choses si bien que je ne peux l'expliquer, a dit le plaqueur Ryan Diem. Je ne dis pas qu'il a un sixième sens ou quelque chose comme ça, mais...»

Il le fait cette fois-ci.

Manning y va de six enjambées envers la ligne de mêlée. Son casque pivote alors qu'il analyse tout le terrain.

Darren Sharper pourrait jeter un oeil derrière lui - s'il ose.

«Je ne sais pas si tu veux lire les yeux de Peyton à ce point. Il a un peu comme des yeux de chat qui vous joue des tours si vous le regardez trop», a imagé le demi de sûreté des Saints de La Nouvelle-Orléans.

Voici la question à laquelle les Saints devront répondre dimanche au Super Bowl contre les Colts: Est-ce que Manning change vraiment le jeu, ou est-ce qu'il bluffe?

«Vous devez déduire ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas, c'est la chose importante», a indiqué le secondeur des Ravens de Baltimore Ray Lewis, qui a souvent assisté au spectacle Manning.

Et il faut y arriver rapidement, les équipes n'ayant que 40 secondes entre les jeux.

Manning crie différentes indications, pointe son index à sa droite, lève le pouce, forme un «C» avec ses doigts. Ce pourrait être des signes pour un autre jeu, peut-être «Dice Right Ice Cream Alert 654 Jose».

Les Colts travaillent sans caucus et Manning appelle ses propres jeux, ce qui est rare à ce niveau de jeu. Le coordinateur à l'offensive Tom Moore lui indique habituellement trois jeux par séquence - deux au sol, un par la passe. Les règles de la NFL premettent aux entraîneurs de parler aux quarts par l'entremise d'écouteurs dans leur casque.

«Je ne lui donne que des idées et il part de là», a précisé Moore.

Manning improvise parfois. À quel point? Personne ne le sait exactement.

«Tout ce que Peyton fait veut dire quelque chose. Ce fut tout un travail d'apprendre tout cela et de s'assurer que nous soyons tous sur la même longueur d'ondes», a dit le receveur recrue Austin Collie. Plus tôt cette saison, son épouse l'aidait à mémoriser le livre de jeux en lui soumettant différents quiz.

Le demi offensif des Colts Joseph Addai admet qu'il est parfois hypnotisé par les gestes de Peyton et qu'il peut en oublier sa tâche. «Je pense que c'est plus facile pour moi que pour les receveurs. Je suis à ses côtés, alors il peut simplement dire: 'Joe, fais ça'.»

Après plusieurs différents signes, il ne reste que trois secondes pour effectuer le jeu. Manning frappe au sol avec son pied gauche, puis deux fois avec son pied droit.

«Hike!»

Et voilà. Tout semble si facile.

«Quelqu'un doit me montrer qu'on peut freiner le numéro 18, a déclaré le secondeur étoile des Texans de Houston, DeMeco Ryans, qui prédit que les Colts vont rapidement filer vers la victoire contre les Saints. Je ne crois pas que ça sera fait.»