Même si le ministre des Affaires étrangères Lawrence Cannon a indiqué lundi que son gouvernement respectera l'entente conclue avec le gouvernement américain qui prévoit le retour au Canada d'Omar Khadr, le chef libéral Michael Ignatieff continue de douter.

Interrogé à ce sujet mardi, après qu'il eut pris la parole devant le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), M. Ignatieff a dit ne plus avoir confiance au gouvernement Harper dans ce dossier.

On a appris, plus tôt cette semaine, qu'Omar Khadr, un jeune Canadien condamné pour crimes de guerre en Afghanistan et emprisonné à la prison de Guantanamo, sur l'île de Cuba, purgerait finalement une peine maximale de huit ans, dont la majorité au Canada.

La semaine dernière, le ministre Cannon disait ne pas avoir pris part aux négociations qui ont mené à une entente au sujet d'Omar Khadr entre le gouvernement américain et le ressortissant canadien.

Mais les notes diplomatiques rendues publiques au cours du week-end dernier laissent plutôt entendre le contraire.

Et lundi, à la Chambre des communes, le ministre Cannon a affirmé que «le gouvernement des États-Unis a accepté qu'Omar Khadr revienne au Canada et nous mettrons en oeuvre l'accord conclu entre M. Khadr et le gouvernement des États-Unis». Il a aussi ajouté que «le gouvernement n'a pas participé aux négociations de la peine, de la sentence» de M. Khadr.

Cet accord prévoit que M. Khadr pourra demander à être rapatrié au Canada après avoir purgé une autre année dans une prison américaine.

À son tour, donc, le chef libéral affirme douter de la parole du gouvernement Harper dans ce dossier. «Je ne suis pas confiant de quoi que ce soit avec le gouvernement conservateur. Il nie avoir fait un deal avec les Américains, puis on découvre un peu tard, qu'après beaucoup de débats et de controverse internes au sein du cabinet, ils ont fait le deal», a protesté M. Ignatieff.

«Alors ils n'étaient pas honnêtes avec la Chambre des communes; ils n'étaient pas honnêtes avec la population canadienne. Alors je n'attends rien de ces gens-là», s'est-il exclamé.

M. Ignatieff attend donc de voir ce que fera effectivement le gouvernement avant de conclure que le dossier Khadr sera réglé une fois pour toutes.

En anglais, il a ajouté «personne n'approuve ce qu'il (Khadr) a fait» mais qu'il faut tout de même défendre le principe voulant qu'«un citoyen canadien est un citoyen canadien, qu'il a des droits et que ses droits doivent être protégés».

Afghanistan

Sur un autre plan, M. Ignatieff s'est aussi dit ouvert à l'idée qu'un groupe de 500 soldats canadiens demeure en Afghanistan, après la fin officielle de la mission canadienne, pour y former et y entraîner les forces afghanes.

«Nous sommes ouverts à une discussion, pourvu que ça exclut le combat après 2011», a précisé le chef  libéral. Il attend toutefois une proposition plus précise du gouvernement conservateur avant d'arrêter sa position sur le projet.

Devant les membres du CORIM, M. Ignatieff a élaboré sur sa politique étrangère, abordant le Moyen-Orient, l'aide au développement, l'Afrique, l'Inde, la Chine et le Brésil, les changements climatiques, le G20 et les compressions du gouvernement dans les programmes d'aide au rayonnement international des organisations culturelles canadiennes.

Il a également abordé l'échec du Canada, il y a dix jours, dans sa tentative d'obtenir un siège au Conseil de sécurité de l'ONU. Il a vu là une «défaite remarquable» du Canada sous le gouvernement Harper, qui prendra des années à être réparée.