Il y a trois ans presque jour pour jour, le gouvernement Charest sonnait le glas du projet de construction du Centre hospitalier de l'Université de Montréal dans l'ancienne gare de triage d'Outremont et arrêtait son choix sur le site de l'hôpital Saint-Luc. Survenant à l'issue d'un débat public acrimonieux, cette décision avait laissé un goût amer dans plusieurs milieux, en particulier dans celui des affaires. Depuis, le scepticisme règne.

Bien des médecins et employés du CHUM ne croient plus au jour où ils travailleront dans l'hôpital du futur qu'on leur promet depuis des années. Les gens d'affaires, dont on attend une contribution de 200 millions, craignent de s'associer à un projet dont les coûts exploseraient ou dont la qualité ne serait pas à la hauteur de leur générosité. Après des mois de recherche, on n'a toujours pas trouvé la personne qui présidera la campagne auprès des grands donateurs, dont on attend la moitié des 200 millions venant du privé. Outre le directeur général du CHUM, Denis Roy, peu connu de la population, à peu près personne ne défend le projet sur la place publique. Cette situation fragilise le projet. Le jour où se produiront des coups durs - ce qui est inévitable pour une construction de cette envergure - les citoyens risquent de se retourner contre cette aventure qui les laisse déjà tièdes. Qui sait comment réagiront alors les politiciens?

Pourtant, le projet semble bien avancer. Le budget est tenu d'une main de fer par le directeur exécutif, Clermont Gignac. Les consortiums candidats pour les parties construites en PPP ont été choisis; les appels de proposition seront lancés d'ici l'été.

Ce matin, la direction du CHUM donnera plus de détails sur le centre de recherche de 47 000 mètres carrés qui sera construit angle Saint-Antoine et Saint-Denis. L'édifice des Coopérants qui occupe cet espace aujourd'hui sera démoli à l'automne.

Du côté du plan plus vaste du Quartier de la santé, un premier édifice important pourrait s'élever à court terme: l'Université de Montréal envisage de construire angle Saint-Laurent et Saint-Antoine sa nouvelle École de santé publique. Et le président de la Technopole Ville-Marie, Pierre Marc Johnson, est convaincu que deux autres bâtiments consacrés à la science seront construits et occupés d'ici trois à cinq ans.

Bref, le grand projet médical, scientifique et urbain dont rêvaient les partisans du CHUM-Outremont verra bel et bien le jour... au centre-ville. Ce ne sera pas simple. Ce sera coûteux. Mais il s'agit d'un projet emballant pour le développement de la science et pour les soins aux malades du Québec. Un projet essentiel, avec ceux de McGill et de Sainte-Justine, pour l'économie et la qualité de vie des Montréalais et de tous les Québécois.

La communauté montréalaise, des politiciens jusqu'aux financiers en passant par les milieux syndicaux et communautaires, doivent prendre fait et cause pour le nouveau CHUM et pour le Centre de santé de l'Université McGill. La vigilance et le sens critique s'imposent toujours, évidemment. Mais on ne peut plus laisser à eux-mêmes ceux qui s'esquintent, envers et contre tous, pour doter Montréal d'institutions de soins et de recherche dignes du XXIe siècle.