Patrick Roy s'est tourné vers Pierre Lacroix pour prononcer le discours qui précédera l'ascension du chandail numéro 33 dans les hauteurs du Centre Bell, le 22 novembre prochain.

Si cette décision rappelle le départ du plus grand gardien de l'histoire du Canadien vers le Colorado, où Lacroix occupait les fonctions de directeur général de l'Avalanche, Roy assure qu'elle a été pleinement réfléchie.

«Pierre a été bien plus que mon directeur général au Colorado. Il a été mon agent pendant mes années à Montréal. Il m'a guidé des rangs juniors jusqu'à la Ligue nationale et, une fois chez le Canadien, il s'est toujours occupé de moi avec beaucoup d'attention. J'ai évalué d'autres candidats, mais je tenais à sélectionner une personne proche de moi et de ma famille. Pierre et sa femme, Colombe, ont tellement fait pour moi que je ne pouvais pas choisir quelqu'un d'autre. Ce rôle lui revenait pleinement», a indiqué Roy, joint par La Presse en fin d'après-midi hier.

Roy a aussi songé à son gourou, François Allaire ; à son deuxième agent, Bob Sauvé ; et même à son premier patron chez le Canadien, Serge Savard.

«Bob a pris la relève lorsque Pierre est devenu le directeur général des Nordiques. Il a été très bon avec moi, mais Pierre a été le premier. Il faut se souvenir que lorsque j'étais jeune, les agents couraient autour de mon frère Stéphane. Lorsque Pierre a rencontré Stéphane, mon père lui a dit: Si tu prends le joueur, tu dois prendre le goaler avec! Il l'a fait et c'est à partir de là que tout a commencé», s'est rappelé Roy en riant.

Quant à Allaire, l'ancien élève a longuement pensé à lui demander de faire le grand discours.

«François a été un autre homme très important dans le cheminement de ma carrière. Je lui dois beaucoup. Tout le monde le sait. Et je lui voue aussi une grande admiration. Mais quand j'ai parlé de mes candidatures avec mon père, il m'a dit que je devais insister sur le côté personnel de cette sélection. Aussi étroite fut ma relation avec François, elle était surtout professionnelle, alors que celle avec Pierre en était une qui ressemblait à celle d'un père avec son fils. Plus j'analysais les candidats, plus je revenais à Pierre, et je suis très heureux de ma décision.»

L'an dernier, lorsque Larry Robinson s'est présenté sur la patinoire du Centre Bell pour regarder son chandail numéro 19 aller rejoindre ceux de Serge Savard, Dickie Moore et des autres grands défenseurs et grands joueurs du Tricolore, c'est Lou Lamoriello qui a prononcé son discours.

La sélection du directeur général des Devils du New Jersey avait fait jaser.

Roy espère que sa décision de faire appel à Lacroix ne causera pas autant de remous.

«Il faut que les gens comprennent qu'il n'y a rien dans cette décision qui évoque nos années au Colorado, à Pierre comme à moi. Il faut que les amateurs comprennent que je reviens boucler la boucle. On fait de belles carrières, mais tout n'est pas toujours rose. Et lorsque les choses étaient plus difficiles, c'est Pierre qui était là pour me soutenir, pour m'encourager, pour m'aider à garder confiance et à être le gardien que j'ai été. Franchement, je ne pouvais pas choisir quelqu'un d'autre.»

S'il a confirmé la sélection de Lacroix au Canadien, Roy est sur le point aussi de finaliser la liste de ses invités.

«J'ai droit à une cinquantaine de personnes. C'est beaucoup et c'est peu à la fois, car j'aurais pu avoir bien plus de monde avec moi. Mais le Canadien s'occupe des anciens et je crois qu'on aura pas mal de gars qui étaient là lors de la conquête de 1993. Tout est en place pour que ce soit une très grande et très belle soirée.»