La Sûreté du Québec a entrepris une enquête sur BCIA, la firme de sécurité qui a profité de 4 millions de fonds publics avant de déclarer faillite. La police examine maintenant les liens de l'entreprise de Luigi Coretti avec des bureaux de change coupables de blanchiment d'argent.

En 2008, l'agence dirigée par Luigi Coretti transportait des fonds pour quatre bureaux de change appartenant à des hommes d'affaires d'origine asiatique. L'un d'eux, Kien Huy Phung, patron d'Everest Capital, a plaidé coupable à des accusations de blanchiment d'argent à Ottawa en 2005. Il a écopé de 15 mois de prison pour avoir blanchi 590 000$ venus du trafic de drogue.

 

Hier, à l'Assemblée nationale, le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, a fait face à un barrage de questions de la part de l'opposition péquiste. Le député de Chambly, Bertrand Saint-Arnaud, a rappelé que la SQ avait demandé à BCIA de lui fournir des preuves de ses contrats de transport de valeurs. Or, à l'époque, la firme transportait d'importantes sommes pour des «bureaux de change à caractère douteux», une information que La Presse a révélée début mai.

Le ministre Dupuis s'est limité à «confirmer que la Sûreté du Québec enquête sur plusieurs aspects de ce dossier». Il a toutefois refusé de préciser lesquels pour ne pas nuire à l'enquête.

Port d'arme

Le ministre Dupuis a par ailleurs soigneusement évité de répondre quand le député Saint-Arnaud lui a demandé si son cabinet était effectivement intervenu plus d'une fois auprès de la SQ pour appuyer la demande de permis de port d'arme de Luigi Coretti, qui lui avait été refusé. La Presse a indiquait la semaine dernière qu'il y avait eu plusieurs interventions auprès de la SQ.

«Il n'y a pas eu d'influence indue», s'est pourtant borné à dire le ministre Dupuis, qui a soutenu qu'il avait déjà répondu à ces questions à l'Assemblée nationale la semaine dernière.

BCIA se trouve aussi dans la tempête sur la scène municipale. Ses activités de surveillance des bureaux du Service de police de la Ville de Montréal n'étaient appuyées par aucun contrat en bonne et due forme, hormis «des bons de commande», s'est défendu hier le directeur général de la Ville, Louis Roquet. Le SPVM a tout de même mis fin à ses liens avec BCIA de même qu'avec l'entreprise qui a racheté la faillite, PR Maintenance. La surveillance a été confiée à Secur Action.