Les commerces de Montréal semblent immunisés contre la grippe A (H1N1), du moins pour le moment. La plupart des entrepreneurs joints hier ont affirmé que les affaires vont toujours bon train, même si la deuxième vague du virus commence à déferler sur le Québec. Mais plusieurs craignent de voir leur clientèle rester à la maison dans les prochaines semaines.

André Laroche ressent déjà les effets de la grippe. Pas sur lui, sur son commerce. Le gérant du Salon de quilles Iberville, à Montréal, a constaté que les joueurs sont de moins en moins assidus depuis quelque temps. Les personnes âgées forment une bonne partie de sa clientèle, a-t-il dit, et beaucoup ont tendance à rester chez elles.

 

«Les gens ont peur, a-t-il dit. J'ai l'impression qu'avec la publicité qui se fait à la télévision, ça n'aide pas du tout. Il y a plus d'absences que d'habitude.»

Au restaurant Les 3 Brasseurs, rue Sainte-Catherine, la direction a déjà pris des mesures pour empêcher la propagation de la maladie. On a installé des distributeurs de liquide antiseptique, et on demande aux employés qui se sentent malades de rester à la maison.

Le gérant de l'établissement a assuré que la clientèle reste fidèle au poste. Mais il a admis que des personnes âgées et des familles avec enfants pourraient rester à la maison si la maladie devait se propager massivement dans les prochaines semaines.

«Ça inquiète tout le monde, a-t-il indiqué. Il y a des gens qui meurent de cette maladie.»

Mais le restaurateur reste optimiste. Au printemps, lors de la première éclosion de la grippe A (H1N1), son chiffre d'affaires n'a pas baissé d'un iota. En fait, il a observé une hausse de 20% de ses ventes au cours des derniers mois.

Le vice-président de l'Association des restaurateurs du Québec, François Meunier, estime que c'est encore «business as usual» pour ses membres. Mais comme n'importe quelle autre industrie, estime-t-il, les propriétaires de restaurants pourraient souffrir si la pandémie devait prendre de l'ampleur.

«Ça va très certainement avoir un impact sur la mobilité des personnes, a expliqué M. Meunier. Et le climat de panique qui suivrait ne sera certainement pas bon pour les affaires. Mais pour l'heure, on est dans les scénarios hollywoodiens.»

Des détaillants commencent d'ailleurs à s'inquiéter de l'enflure médiatique qui entoure la campagne de vaccination contre la grippe A (H1N1), a noté Gaston Lafleur, président du Conseil québécois du commerce de détail.

Il a relaté que dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001, les médias anglophones avaient accordé beaucoup plus d'importance au terrorisme que les médias francophones. Résultat: les entreprises ont observé que les Québécois avaient consommé davantage que les Canadiens anglais dans les mois qui ont suivi l'attaque.

«Quand il y a des événements majeurs qui se produisent, a-t-il indiqué, ça vient détourner les individus de leurs habitudes normales.»

Rien d'anormal pour les voyagistes

Les voyagistes ont vécu un printemps d'enfer lorsque le virus a fait son apparition au Mexique. Mais pour l'heure, ils touchent du bois. Ceux que La Presse a appelés, hier, n'ont remarqué aucune baisse dans leurs ventes. Et puisque l'inquiétude provoquée à l'origine par le virus s'est estompée, ils doutent que les Québécois se privent de vacances.

«Je ne vois pas une diminution de la clientèle à long terme, indique André Gingras, de l'agence Accès Monde, à moins qu'il y ait beaucoup de mortalité.»