Atteinte de la grippe A (H1N1), une personne en bonne santé qui toussait la veille peut se présenter le lendemain à l'hôpital, les lèvres bleues, en train d'étouffer.

Ces cas très graves ne représentent jusqu'à maintenant qu'une minorité des personnes infectées par le virus, estime la santé publique. Mais quand ils surviennent, les complications sont importantes. Au point où certains médecins sont inquiets de voir qu'une partie de la population prend la chose à la légère.

«Les malades font ce qu'on appelle un poumon de choc», indique le Dr Claude Rivard, chef des soins intensifs à l'hôpital Pierre-Boucher, à Longueuil. Les poumons du patient sont endommagés et le système respiratoire n'arrive plus à fonctionner normalement.

Au cours des derniers mois, le Dr Rivard a eu à traiter, sur son unité, trois malades frappés de la sorte par la grippe A (H1N1). L'un des trois, une jeune adulte en bonne santé, est mort. Les deux autres ont été branchés à un respirateur et intubés sur une longue période.

«C'est rare qu'un virus affecte les poumons de cette façon. Pour la majorité des infections pulmonaires, le malade a besoin d'un support respiratoire - un masque ou une lunette nasale - mais pas d'un respirateur», explique le Dr Rivard.

Multiplication des problèmes

Quand le patient est malade au point de se trouver sous respirateur, plusieurs problèmes peuvent survenir. Le respirateur permet de ventiler les poumons du malade, mais une pression élevée doit constamment être maintenue, ce qui risque de provoquer un trauma.

Un patient intubé a également un tube dans la bouche pendant plusieurs jours. Ce tube «est une autoroute à bactéries», illustre le Dr Rivard. Le patient est plus à risque de contracter une bactérie qui circule dans l'hôpital et qui est souvent plus résistante aux médicaments.

En outre, le malade sous respirateur aux soins intensifs aura besoin de ce support pendant une longue période, souvent plus de 10 jours, voire quelques semaines.

«Plus les mesures sont agressives, plus les risques de complications sont élevés», ajoute le Dr Rivard.

La grippe A (H1N1) représente aussi un potentiel élevé de contamination pour le personnel soignant, indique le chef des soins intensifs de Pierre-Boucher.

Combinaison, masques, gants, lunettes, sas de protection et chambres isolées, des mesures draconiennes doivent être prises pour soigner un patient infecté par le virus. Même le stéthoscope doit rester dans la pièce où le patient est isolé.

Et ce n'est pas toujours suffisant. «Cet été, quand nous avons eu la patiente qui est décédée, un inhalothérapeute qui l'a vue à l'urgence a été infecté», relate le Dr Rivard.

Il affirme d'ailleurs avoir hâte que le vaccin contre la grippe A (H1N1) soit disponible et s'explique mal la réticence de certains à se faire vacciner, alors qu'il craint que les hôpitaux ne soient alors submergés de gens malades.