L'Egypte a commencé samedi l'abattage des 250 000 porcs élevés sur son territoire, une mesure radicale et controversée prise après l'apparition de la grippe dite porcine dans 17 autres pays.

Cette décision de l'Egypte, où aucun cas animalier ou humain de la nouvelle maladie n'a pour l'instant été détecté, a été largement critiquée, d'autant plus que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué n'avoir connaissance d'«aucune personne contaminée par des porcs».

Une centaine de bêtes ont été abattues à Alexandrie, la grande ville du nord, tandis qu'au Caire, 28 000 porcs ont été transférés vers des abattoirs, selon l'agence officielle Mena.

Au cours de la journée, ce sont 550 bêtes au total qui ont été abattues, selon des responsables.

Quelques gouvernorats avaient déjà pris l'initiative d'abattre les porcs aussitôt la mesure gouvernementale annoncée mercredi.

L'opération prendra de trois semaines à un mois, selon le ministère de l'Agriculture.

Le directeur du département des maladies infectieuses du ministère, Saber Abdel Aziz Galal, avait indiqué samedi matin à l'AFP que des employés du gouvernement étaient en route pour le quartier de Manchiyet Nasr au Caire, où les trieurs d'ordures élèvent quelque 60 000 porcs.

Mais, samedi soir, les éleveurs attendaient toujours leur arrivée.

Des responsables vétérinaires à l'abattoir du Caire, choisi par les autorités pour l'opération, ont indiqué que seuls 1 000 porcs pouvaient y être abattus chaque jour. L'autre abattoir désigné, qui se trouve à Alexandrie, a la même capacité.

D'après M. Galal, chaque porc sera examiné pour s'assurer qu'il n'est atteint d'aucune maladie. Si tel est le cas, la viande sera congelée et revendue au bénéfice des propriétaires.

En sus, «une compensation sera octroyée», a-t-il précisé.

Mais un éleveur de porcs interrogé par l'AFP a affirmé n'avoir rien reçu pour l'instant.

«Ils ne nous ont rien donné. La police anti-émeutes et les employés du gouvernement sont venus et ont pris les porcs», a déclaré Ayman Saad, qui possédait 30 porcs et habite Batn el-Baqar, au Caire.

«Nous sommes allés avec eux aux abattoirs, et ils nous ont dit de prendre les carcasses. J'ai tout laissé là-bas parce que je ne savais pas quoi en faire», a-t-il ajouté.

L'abattage des porcs est un coup dur pour les trieurs d'ordures, dont une grande partie des revenus viennent de l'élevage porcin. Des incidents avaient éclaté mercredi entre éleveurs et policiers venus emmener leurs animaux.

Les autorités avaient d'abord présenté l'abattage comme une mesure de précaution face à la grippe porcine, avant d'admettre qu'il s'agissait d'une mesure d'hygiène publique, pour assainir des élevages insalubres gérés par des membres de la minorité copte (chrétiens d'Egypte).

«Les autorités ont profité de cette occasion pour régler la question de l'élevage sauvage en Egypte», a affirmé le porte-parole du ministère de la Santé, Abderrahmane Chahine.

Jusqu'ici, les porcs vivaient «avec des chiens, des chats, des rats, des volailles et des hommes, tous dans la même zone avec les détritus», a expliqué M. Galal. «Dans deux ans, les porcs seront de retour, mais nous devons d'abord construire de nouvelles fermes dans des zones spéciales, comme en Europe».

L'Organisation mondiale de la santé animale (OIE) s'est élevée contre l'abattage des porcs, le qualifiant de «totalement injustifié» pour lutter contre le virus grippal A (H1N1).