L'héritage d'Arturo Gatti revient à son épouse, la Brésilienne Amanda Rodrigues, a tranché la Cour supérieure, hier. Le testament en litige, que le boxeur a signé en juin 2009, trois semaines avant sa mort, est valide. Il faisait de Mme Rodrigues sa seule héritière.

«Mme Rodrigues n'a pas pris le contrôle ni manipulé M. Gatti de manière à le forcer à l'avantager. Elle ne l'a pas isolé de ses proches, ni dénigré les membres de sa famille au point où ces derniers se seraient éloignés de lui», a noté la juge Claudine Roy, dans sa décision. Ida et Fabrizio Gatti, respectivement mère et frère du défunt, de même qu'Erika Rivera, ex-conjointe et mère du premier enfant du boxeur, n'ont pas réussi à prouver la captation et l'indignité qu'ils alléguaient. «Il ne suffit pas de miner la crédibilité de Mme Rodrigues», a affirmé la juge Roy.

«La captation est un dol, un ensemble de manoeuvres répréhensibles effectuées dans le but d'amener une personne à consentir une libéralité qu'elle n'aurait pas autrement consentie,» explique la juge. Elle précise qu'un «simple soupçon ou hypothèse ne suffit pas» et signale qu'il n'est pas contraire à la loi de s'attirer les faveurs d'un testateur.

La famille Gatti et Mme Rivera, qui ne s'est jointe au recours que quelques jours avant le début du procès à la fin de l'été dernier, demandaient à la Cour supérieure de déclarer Mme Rodrigues indigne de prendre la succession, en raison de son comportement «hautement répréhensible».

Crédibilité

Dans le sillon d'une réponse favorable, ils demandaient que la Cour reconstitue un précédent testament que le boxeur avait fait en 2007, mais dont la copie signée est introuvable. Ce testament avantageait Sofia, la fille que le boxeur a eue avec Mme Rivera, de même que Mme Gatti et son frère Fabrizio. Vu les conclusions de la juge, il n'y a pas lieu de reconstituer ce testament.

Dans le jugement de 64 pages, la juge évalue la crédibilité des gens qui ont témoigné. Elle n'a pas été impressionnée par celle des demandeurs, de certains témoins et même par celle de Mme Rodrigues. Entre autres, Mme Rodrigues, maintenant âgée de 25 ans, a toujours nié avoir été danseuse dans un club, alors que la preuve démontre le contraire. «La négation de ce fait n'a pas d'impact direct sur le sort du litige, mais nuit à la crédibilité de Mme Rodrigues», a noté la juge.

Rappelons qu'Arturo Gatti est mort au Brésil dans d'étranges circonstances. L'homme de 37 ans était en vacances avec Mme Rodrigues et leur fils Arturo Junior, dans un appartenant de Porto Ghalinas. Le matin du 11 juillet 2009, le boxeur a été trouvé mort sur le plancher de la cuisine, apparemment par Mme Rodrigues qui venait de se lever.

Croyant que cette dernière pouvait être impliquée dans la mort de M. Gatti, la police brésilienne l'avait arrêtée et détenue pendant plus de deux semaines, avant de la relâcher. L'explication finalement retenue est que l'homme se serait lui-même pendu à l'escalier, et que le lien aurait fini par rompre après un certain temps.

La famille Gatti a toujours pensé que Mme Rodrigues avait quelque chose à voir avec cette mort. La juge relève que leurs perceptions sont imprégnées par cette pensée.

Passion et chaos

M. Gatti et Mme Rodrigues se sont épousés à Las Vegas en 2007, alors que M. Gatti prenait sa retraite de la boxe professionnelle. Leur fils Arturo est né en septembre 2008. Leur relation oscillait entre la passion et le chaos, et était entrecoupée de ruptures et de réconciliations.

Tous deux avaient consulté des avocats spécialisés en divorce. Pourtant, ils étaient partis en «seconde lune de miel» à Paris, dans les jours précédant le drame.

À sa mort, le boxeur aurait laissé des biens d'une valeur de 6 ou 7 millions. La succession, qui a fondu, serait aujourd'hui évaluée à un peu plus de 3 millions.

Il est à noter que Sofia, fille de Mme Rivera, disposait déjà d'une pension mensuelle de plus de 4500$, garantie jusqu'à ses 18 ans.