Lueur d'espoir pour le clan Gatti: le Brésil accepte d'examiner les résultats de l'enquête privée américaine qui réfute la thèse selon laquelle Arturo Gatti se serait suicidé.

Cette nouvelle réjouit l'ex-gérant du boxeur, qui a commandé cette enquête au coût de 1 million de dollars. «Nous souhaitons de tout coeur que les personnes responsables de la mort d'Arturo soient poursuivies devant les tribunaux», a dit Pat Lynch à La Presse, qui l'a joint au New Jersey.

En juillet 2009, trois semaines après qu'Arturo Gatti eut été trouvé sans vie dans un appartement qu'il louait avec sa famille dans une station balnéaire du nord-est du Brésil, les autorités brésiliennes ont conclu au suicide par pendaison. La police avait d'abord soupçonné la veuve du boxeur, Amanda Rodrigues, de l'avoir étranglé, mais cette dernière a finalement été relâchée.

Insatisfait des conclusions de cette enquête, M. Lynch a mandaté deux détectives privés américains, lesquels, au bout de 10 mois de travail, ont dévoilé leur rapport mercredi, lors d'une conférence de presse au New Jersey. Ils sont convaincus que Gatti a été assommé, puis étranglé.

Avec les experts qui ont collaboré au rapport, ils ont en outre vivement critiqué le travail de leurs confrères brésiliens. Le pathologiste Cyril Wecht a notamment qualifié l'autopsie pratiquée au Brésil d'«horriblement incomplète». Ils ont aussi soulevé le problème de corruption qui sévit dans ce pays d'Amérique latine.

Jeudi, un porte-parole du bureau du procureur de l'État de Pernambuco a indiqué à l'Associated Press que le dossier serait de nouveau analysé à la lumière de ces conclusions.

La procureure Paula Ismail pourrait demander aux enquêteurs américains de lui faire part de leurs découvertes, a indiqué son porte-parole, Jaques Cerqueira.

L'avocat de la famille Gatti au Brésil, Me Eduardo Trindade, a dit mercredi qu'il faudrait sans doute quelques semaines pour faire traduire le rapport de l'anglais au portugais avant de le transmettre à la procureure.

Me Ismail pourrait porter des accusations de meurtre, maintenir les conclusions initiales ou encore exiger que la police brésilienne fasse une nouvelle enquête. «Elle fera une annonce lorsqu'elle aura fini d'analyser les éléments de preuve présentés après l'enquête initiale», a indiqué M. Cerqueira. Ce dernier a assuré aux médias que le dossier de Gatti n'avait jamais été fermé et qu'il est toujours possible qu'Amanda Rodrigues soit accusée.

Manque d'objectivité et de crédibilité

De son côté, l'avocat qui représente la jeune veuve dans le procès civil qui se tient actuellement à Montréal estime que l'enquête privée manque d'objectivité et de crédibilité.

Interrogé jeudi à sa sortie de la salle d'audience, Me Pierre-Hugues Fortin a indiqué qu'il faudrait poser les bonnes questions sur ce rapport de 300 pages. « L'enquête a été commandée par l'ex-gérant de M. Gatti », a-t-il souligné.

Il ne croit pas qu'elle entraînera nécessairement la réouverture de l'enquête initiale. De toute façon, il considère que cela n'a pas d'incidence sur la cause qui est entendue par la juge Claudine Roy. Rappelons que le procès oppose la mère et le frère de feu Arturo Gatti, Ida et Fabrizio Gatti, à Mme Rodrigues. La famille Gatti prétend qu'elle est indigne de succéder à leur fils, pour cause de captation. Gatti a signé trois semaines avant sa mort un testament qui fait de Mme Rodrigues l'unique héritière de sa fortune, évaluée à plus de 6 millions de dollars.