Dimanche, nous passerons à l’heure d’été. Et nous perdrons tous, au passage, une heure en général consacrée au sommeil. L’auteure de cette lettre s’attarde aux conséquences de cette privation ainsi qu’aux façons d’en limiter les répercussions sur notre santé.

« Je suis séquestrée dans la chambre de la bestiole. Elle jacasse. Ses habitudes de sommeil sont perturbées. »

Pour vous mettre en contexte, une amie à moi, avec un riche vocabulaire, et sa fille de 4 ans reviennent de voyage. Sa fille est en décalage horaire et ne dort pas à 21 h, moment où je tente de joindre mon amie par téléphone. Elle m’écrit donc ces phrases qui me font sourire.

Ça peut sembler anodin, un enfant qui ne s’endort pas, un parent qui manque de sommeil ou même un premier répondant qui dort seulement trois heures pendant la journée après avoir travaillé un quart de 12 heures de nuit.

Ça ne nous impressionne pas parce qu’on a de multiples exemples au quotidien de gens dans des situations similaires.

Pourtant, si j’ai appris une chose depuis 15 ans à me spécialiser dans le domaine, c’est que le sommeil, c’est loin d’être anodin.

Pour ne nommer que quelques-uns de ses bienfaits, le sommeil nous aide à consolider les informations importantes apprises pendant la journée, régule l’humeur et les hormones de stress en plus d’éliminer les déchets métaboliques que le cerveau a produits lors de l’état d’éveil. L’efficacité de ce dernier processus et son lien avec les maladies neurodégénératives sont d’ailleurs de plus en plus étudiés et mis de l’avant par les scientifiques.

On change l’heure dans la nuit de samedi à dimanche. Ce changement coûte une heure de sommeil à toute la population canadienne, sauf aux habitants du Yukon, qui ne font plus le changement d’heure depuis 2020, et à ceux de la Saskatchewan, qui ne l’ont jamais fait.

Dans les milieux de travail, l’heure de moins contribue à une perte de productivité des travailleurs et à plus d’erreurs et d’accidents. Pour les individus qui souffrent de problèmes de santé mentale, l’heure de moins peut venir exacerber les problèmes d’anxiété ou d’humeur. Vous l’aurez compris, la privation de sommeil en général affecte tout cela à longueur d’année.

Sur le plan physiologique, le changement d’heure, mais aussi tout changement de notre horaire de sommeil, a un impact direct sur nos rythmes circadiens. La constance de l’horaire aide en fait l’horloge biologique de notre cerveau à bien effectuer son travail au bon moment.

Au-delà de la simple privation de sommeil, plus de la moitié de la population souffre d’un trouble comme l’apnée du sommeil ou l’insomnie. Cela augmente les risques de souffrir de dépression, d’anxiété, d’hypertension, d’AVC et même de certains types de cancer. Le manque de sommeil en général et la prévalence des troubles sont donc des facteurs de risque pour des problèmes de santé physique et mentale. Si on le regarde d’une manière plus optimiste, bien dormir peut aussi devenir un facteur de protection de notre santé.

Le changement d’heure est un bon moment pour une prise de conscience plus large sur la place du sommeil dans nos vies. La manière dont vous traitez votre sommeil est une belle fenêtre sur la façon dont vous vous traitez vous-même. Faites attention à lui (vous).

Quelques trucs pour aider la transition en fin de semaine :

  • Bien dormir dans les jours avant et après le changement d’heure.
  • Faire une courte sieste (moins de 30 minutes) en après-midi au besoin pour faire diminuer la somnolence. Pour les insomniaques, attention, une sieste plus longue ou faite trop tard en journée pourrait exacerber le problème d’insomnie.
  • S’exposer à la lumière le matin et pendant la journée, tout en n’oubliant pas de diminuer la luminosité ambiante en soirée, deux à trois heures avant l’heure du coucher souhaitée.
  • Évaluer son hygiène de sommeil. Par exemple, puis-je me passer du café d’après-midi et le remplacer par une option sans caféine ? Puis-je diminuer la prise d’alcool ou passer du temps loin de mon cellulaire ou de mon ordinateur en soirée ?

Si les changements d’hygiène ne suffisent pas et que vous éprouvez des difficultés à vous endormir, à rester endormi la nuit ou si vous vous réveillez très tôt le matin, sans possibilité de vous rendormir, vous souffrez peut-être d’insomnie. L’insomnie, ça se traite efficacement, notamment par des programmes comportementaux.

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