Combien d’immigrants devrions-nous accueillir par année ? 30 000, 40 000, 50 000 ? Qui dit mieux ? La réalité démographique ne nous donne pas le choix d’accueillir plus d’immigrants, puisque le taux de natalité historiquement bas, soit 1,49 enfant par femme en 2022 au Québec⁠1, est nettement insuffisant pour combler les besoins économiques actuels et pour prendre soin de nos aînés. C’est une réalité incontestable.

Parlons d’immigration économique, puisque les autres types d’immigration sont régis par le gouvernement fédéral (réfugiés et réunifications familiales). Les raisons pour lesquelles les immigrants viennent s’établir au Québec sont nombreuses : trouver un emploi, améliorer leur qualité de vie, donner accès à une éducation de qualité à leurs enfants, bénéficier d’un bon système de santé gratuitement, profiter de généreux avantages sociaux, etc. J’en sais quelque chose, car je suis moi-même le produit de cette immigration. Mes parents ont longtemps oscillé entre le Québec et la Floride, avant de finalement larguer les amarres au Québec, principalement à cause de son filet social.

En bref, nous avons besoin d’immigrants et les immigrants ont besoin de nous. Gagnant-gagnant, n’est-ce pas ? Pas tout à fait… Je conteste vigoureusement cette vision utilitariste de l’immigration.

Au-delà de ces considérations économiques et individualistes, il existe quelque chose qui s’appelle la culture. Immigrer au Québec, c’est embrasser sa culture et ses valeurs uniques. Parler la langue de Molière n’est pas synonyme de compatibilité culturelle. J’ai la profonde conviction qu’une société ne se résume pas à un échange de services afin d’assouvir ses intérêts personnels. Pour que notre société soit vivante et distincte, il est impératif d’avoir une identité plurielle, certes, mais qui est partagée par des gens ayant les mêmes valeurs et qui s’aiment. Un peuple qui ne s’aime pas ne peut pas aimer ni être aimé.

Nous avons l’importante responsabilité de promouvoir notre culture à travers l’art, le sport, l’économie, le cinéma, la musique, le théâtre, la littérature et les arts culinaires pour la faire découvrir aux nouveaux arrivants, afin qu’ils et elles puissent à leur tour se l’approprier et en devenir les fiers ambassadeurs.

Sélectionner un immigrant seulement en fonction de ses compétences et de sa compatibilité professionnelle est selon moi une grave erreur. L’économie au détriment du vivre-ensemble, c’est un « non » catégorique. En tant que chef d’entreprise, je peux vous assurer que la compatibilité sociale garantit une meilleure intégration professionnelle, en plus d’augmenter la rétention, l’engagement et la productivité de l’employé. Nous avons tout à gagner à la mettre de l’avant.

« Le temps est l’architecte, le peuple est le maçon », disait Victor Hugo. Construisons alors ensemble les fondations du Québec pluriel et fier de demain.

1. Consultez les faits saillants tirés du Bilan démographique du Québec. Édition 2023