La chronique « Se souvenir, de porte en porte », qui plaidait pour davantage de plaques commémoratives à Montréal, a beaucoup fait réagir nos lecteurs. Notre chroniqueuse revient sur les nombreux courriels reçus.

Ma chronique sur les plaques commémoratives m’a valu un abondant courrier. Je l’avoue, je ne m’attendais pas à autant d’intérêt de votre part à propos de ma passion pour les plaques commémoratives. J’ai l’impression de m’être fait plein d’amis d’un coup avec cette chronique !

En vous lisant, j’ai appris qu’il existe des initiatives vraiment chouettes à Montréal. Plusieurs lecteurs, dont Diane Lavergne, m’ont parlé d’un parcours sur le boulevard Gouin, à l’ouest du pont Viau, où toutes les maisons patrimoniales sont identifiées par une plaque commémorative que le marcheur découvre en déambulant sur le trottoir. De son côté, Julie-Anne Moreau m’apprend qu’un projet citoyen, Rêver Gouin, travaille avec la Société d’histoire et de généalogie de Montréal-Nord pour protéger davantage le caractère patrimonial de cette artère.

Autre découverte : un parcours historique avenue Duluth que me recommande chaudement Vicky Pelletier⁠1. Promis, je l’ajoute à ma liste.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Balade en luge, avenue Duluth, pour laquelle un parcours historique a été conçu

Quelques très bonnes suggestions

J’ai également reçu plusieurs suggestions intéressantes (avis aux décideurs concernés) de potentielles plaques commémoratives : Marie Malo, par exemple, a découvert en lisant une biographie signée Michel Biron que le poète Saint-Denys Garneau était né au 353, rue Olivier, à Westmount. Carolle Brabant m’écrit qu’elle a vécu son enfance dans Guybourg (dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve), un quartier ouvrier de Montréal où la célèbre Lucille Teasdale a vécu. « Son père avait une épicerie et elle a grandi dans le quartier, m’écrit-elle. Ce serait bien qu’on le rappelle. »

Quant à Daniel Sylvestre, il me confie avoir été très ému de découvrir tout près de chez lui, au 8232, avenue de Gaspé, une plaque rappelant son célèbre occupant : Jackie Robinson.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

La plaque installée au 8232, avenue de Gaspé, où a vécu le joueur de baseball Jackie Robinson

À propos des œuvres murales, Daniel Gingras note – et je suis d’accord avec lui – qu’il faudrait mieux indiquer à qui l’œuvre rend hommage. « La dernière fois que j’ai contemplé celle de Plume Latraverse, coin Lespérance et Ontario, rien n’indiquait qui était ce personnage », souligne-t-il.

De la même façon, je me suis toujours demandé pourquoi on n’ajoutait pas quelques informations sur les panneaux des noms de rue. Prenons le boulevard René-Lévesque. Pourquoi ne pas ajouter sous son nom qu’il a été premier ministre du Québec de 1976 à 1985 ?

Hadrien Chénier-Marais partage mon avis et me fait remarquer que dans plusieurs villes, dont Québec, « les enseignes de rue comportent une très courte description de qui était la personne ».

Philippe Thellen suggère quant à lui un code QR qui permettrait d’ajouter un contexte historique aux noms de rue. Pas fou !

Des oublis à corriger

De façon plus générale, François Bertrand – qui fait partie des Greeters, cette association de bénévoles qui offrent des balades gratuites aux visiteurs d’une ville – déplore « l’absence de mémoire du rôle fondamental de la ville de Montréal aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, soit celui de plaque tournante du commerce de la fourrure en Amérique du Nord ».

Montréal est effectivement un magnifique terrain de jeu pour la commémoration. Encore faut-il que l’exercice de mémoire soit accessible.

Alain P. Jacques me raconte avoir fait des démarches auprès de la Ville de Montréal pour que les passants remarquent davantage la plaque commémorative rappelant la première projection du cinématographe des frères Lumière en Amérique du Nord (six mois après la première, à Paris, et quelques jours avant celle de New York). Je ne savais pas que cette projection historique avait eu lieu à quelques pas des bureaux de La Presse, coin Saint-Laurent et Viger.

Vous vous souvenez peut-être que l’édifice Robillard, qui se trouvait à cette intersection, a brûlé en 2016 ? On trouve bel et bien une plaque commémorative sur le nouvel édifice qui a été construit au même endroit, mais il est sur l’avenue Viger et il faut entrer dans l’édifice pour la voir, déplore M. Jacques, qui aurait aimé qu’une plaque soit installée sur la façade du boulevard Saint-Laurent.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

L’édifice Robillard a été détruit par les flammes en novembre 2016. La première projection du cinématographe des frères Lumière en Amérique du Nord a eu lieu là, en 1896.

Enfin André Delisle, directeur et conservateur au Château Ramezay, m’offre un complément d’information très pertinent. « Les premières plaques à Montréal ont été installées en 1892, m’écrit-il, à l’occasion du 250e de Montréal, initiative de la Société d’archéologie et de numismatique de Montréal, qui est aussi derrière la fondation du Musée du Château Ramezay. Il est possible de voir encore quelques-unes d’entre elles, notamment sur l’immeuble qui servait de Airbnb et qui a été ravagé par les flammes en mars 2023. Nous avons encore dans nos archives la liste des plaques que la Société a financées et installées. » Voilà une liste que j’irai sûrement consulter un jour.

J’espère que vos nombreuses suggestions et anecdotes se rendront aux oreilles des personnes en mesure de prendre des décisions. Il reste encore beaucoup de travail pour mettre l’histoire de Montréal en valeur.

Lisez la chronique « Se souvenir, de porte en porte » 1. Consultez le site du parcours historique de l’avenue Duluth Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue