Avec leur plume unique et leur sensibilité propre, des artistes nous présentent leur vision du monde qui nous entoure. Cette semaine, nous donnons carte blanche à l’humoriste Mariana Mazza.

Je ne sais pas s’il vous est déjà arrivé de vivre une injustice. Une situation dans laquelle vous vous dites : « Voyons criss, pourquoi ça arrive ? » Surtout, pourquoi ça arrive encore ? Pourquoi j’attire ça ? Est-ce que c’est moi, le problème ? Est-ce que je suis la seule à vivre ça ? C’est quoi, mon problème ? Je suis probablement le problème.

Et là, tu croises d’autres personnes qui, elles aussi, se posent cette question. Des jeunes, des vieux. Ces situations reviennent perpétuellement pour tout le monde parce que c’est ça qu’on attire. Qu’on dégage. Personne n’est le problème. Il n’y a pas de problème, en fait. C’est juste la vie. Pis la vie, elle te donne des leçons.

Récemment, je suis allée chez des amis qui ont un fils de 7 ans et un grand-père de 70 ans. J’ai demandé au fils comment se passait sa rentrée. Il m’a dit qu’il trouvait ça poche de n’être avec aucun de ses amis dans sa classe. En plus, il est pogné avec le jeune qui l’intimide. Je lui ai demandé s’il en avait parlé aux professeurs. Il m’a dit candidement que les professeurs multipliaient les avertissements, mais ne faisaient rien. Depuis longtemps. Que ça arrive toujours. Mais qu’il va apprendre à se défendre. Et qu’il va l’intimider à son tour.

Je lui ai dit que ça rendrait son intimidateur plus fort. Ce serait nourrir la bête. La meilleure chose à faire, c’est de lui donner de l’amour. Il m’a souri.

Je lui ai dit que cette situation risque de se reproduire. Que s’il a de plus en plus confiance en lui et en l’autorité de ses professeurs, elle va finir par changer. Car il va se fier à lui-même. À ses outils. À son instinct.

Il m’a répondu que lui, ce qu’il veut, ce sont des amis. Je lui ai dit que c’était beau. Et si simple.

Plus tard, je me suis assise avec le grand-père. Je lui ai demandé comment il se sentait d’avoir 70 ans. Il m’a dit que c’était du pareil au même. Que la seule chose qui compte, c’est l’amour. Je lui ai demandé ce qu’il voulait dire par là.

Il m’a dit que, plus jeune, il a longtemps souhaité du mal à ses parents. Qu’ils ne l’ont jamais aimé. Depuis, il a attiré toute sa vie des gens qui ne lui donnaient pas l’amour qu’il aurait souhaité avoir.

Je lui ai demandé si, à 70 ans, on finit par avoir l’amour qu’on cherche. Il m’a répondu que ce qu’on cherche, on l’obtient quand on finit par abandonner certains combats.

Je lui ai demandé de quels combats il parlait. Il m’a dit que les combats qu’on mène sont créés pour combler quelque chose. Quand on trouve ce qu’on veut combler, on cesse de se battre. Et là, on trouve ce qu’on veut.

Je suis repartie chez moi en me disant que je n’étais plus seule. Que chacun vit dans ce perpétuel tunnel de questionnements. Les mêmes situations. Qui reviennent. Pas parce qu’on est caves. Pas parce qu’on les attire. Parce qu’on les cherche et qu’on ne les comprend pas.

Je me suis longtemps demandé pourquoi j’attirais les relations humaines qui finissent par me faire sentir comme de la merde. Pour enfin comprendre que, finalement, si je me sens comme de la merde, c’est parce que j’oublie de me tenir par la main. De me faire confiance. Moi, mon enveloppe, mon cœur, mon corps. J’existe dans moi et je dois me faire confiance. Si je me sens comme de la merde, je peux compter sur moi.

Le petit gars peut compter sur lui. Pour avoir des amis, c’est suffisant.

Le grand-père peut compter sur son désir de donner de l’amour. Et il en recevra.

Et moi, je peux compter sur moi pour me rappeler que je ne suis pas seule à vivre tout ça.

Hey, t’es pas seul. Tu peux compter sur toi.