TF1 a annoncé jeudi le lancement en mai d'un label consacré à la sortie de films uniquement sur internet et non plus en salles, une nouvelle offensive sur le marché très compétitif de la vidéo à la demande (VOD) en France.

Ce mode de distribution a fait une arrivée tonitruante en France avec le film d'Abel Ferrara sur l'affaire DSK, diffusé par Wild Bunch en mai 2014, et devrait s'étendre sur le marché, selon les analystes.

Baptisé «eCinéma», le nouveau label de TF1 proposera à l'ensemble des platesformes de VOD - MyTF1VOD, mais aussi Orange ou Canaplay - la diffusion de films étrangers non distribués en France, au prix d'environ 7 euros (9,35 $) pour une location et 13 euros (17,35 $) pour un achat définitif.

Le groupe a acquis les droits exclusifs de six films - des films romantiques et d'actions, de nationalité américaine, britannique et australienne - dont les sorties s'échelonneront à partir du 1er mai, environ un mois après leur sortie sur leur territoire d'origine.

«Il y a une offre surabondante de cinéma en France», et «des films de qualité, avec du potentiel, ne trouvent pas leur place en salles», a estimé Régis Ravanas, président de TF1 Video, qui y voit une offre «complémentaire» au système de distribution actuel.

Le groupe ambitionne de donner «la même résonance» à une sortie en numérique qu'à une sortie en salles, notamment en diffusant des publicités sur ses chaînes et en organisant des évènements promotionnels en France.

Marché très compétitif

TF1 marche en fait dans les pas de Wild Bunch, qui, après le succès de Welcome to New York, compte transformer l'essai et a annoncé en octobre la création d'une filiale spécialisée afin de multiplier les sorties sur internet.

«C'est très nouveau, mais tout le monde va s'y mettre», a estimé Pascal Lechevallier, fondateur en 2005 de MyTF1VOD et aujourd'hui consultant.

«Après, on verra si le public mordra», nuance-t-il. Évoquant le «ventre mou des films qui ont du mal à émerger», il ajoute que le succès d'un tel modèle suppose un effort marketing important pour que les films ne soient pas invisibles.

Le e-cinéma «peut trouver sa place sur le marché, les conditions de qualité d'expérience sont là», confirme Philippe Pestanes, associé au sein du cabinet Kurt Salmon, mais «il faut considérer cela comme un lancement de cinéma traditionnel, y mettre les moyens en termes de communication, et faire, comme tout distributeur, les bons choix».

Dans un marché très compétitif, qui compte au moins 90 acteurs et représente environ 250 millions d'euros en 2014, TF1 se place ainsi en première ligne sur ce nouveau créneau.

La plateforme de VOD de TF1 est la deuxième en nombre de consommateurs en 2014, selon les chiffres du CNC, derrière Orange et devant CanalPlay, et le groupe estime avoir enregistré 10 millions d'actes d'achats en 2014.

Mais les acteurs se bousculent. Carrefour a lancé sa propre plateforme en janvier, rejoignant entre autres iTunes, SFR et Arte. E.Leclerc et Rakuten ont aussi récemment investi le créneau de la VOD, alors que celui de la vidéo à la demande par abonnement (SVOD) est le lieu d'un duel entre l'Américain Netflix et Canalplay.

Le e-cinéma est aussi un «nouvel élément dans la chronologie des médias» en France, selon M. Pestanes.

Selon les règles françaises, quatre mois après sa sortie en salles, un film peut être proposé en VOD. Puis il peut passer sur une chaîne payante dix mois après la sortie en salles, sur les chaînes en clair au bout de 22 mois et, enfin, sur les services de SVOD, après 36 mois.