Le militant sioux Russell Means, qui a attiré l'attention du grand public sur les revendications des Amérindiens dans les années 1970 avant de jouer dans des films comme The Last of the Mohicans, est décédé lundi à l'âge de 72 ans.

«Notre père et mari marche à présent aux côtés de nos ancêtres», a écrit sa famille dans un communiqué diffusé sur le site internet de Russell Means. «Il a entamé ce voyage vers le monde des esprits à 04H44, avec l'Étoile du Matin, dans son ranch de Porcupine», dans le Dakota du Sud (nord des États-Unis)».

Homme à la vie personnelle tumultueuse et connu pour son goût de la célébrité, Russell Means a été l'un des premiers dirigeants du mouvement pour les droits des Amérindiens, avant de se faire connaître à Hollywood dans des films également consacrés aux peuples autochtones.

Dans une note écrite deux jours avant sa mort, Means appelait ses fans à dédier une partie de leur temps «au travail sur lequel j'ai tenté de m'engager toute ma vie: la libération et la liberté pour mon peuple Lakota, pour toutes les populations indigènes, et, en fait, pour TOUS les gens».

Né en 1939 dans la réserve de Pine Ridge dans le Dakota du Sud, le militant est le fils aîné de Hank Means, un Sioux Oglala, et de Theodora «Feather» Means, une Sioux Yankton. La famille déménage alors qu'il est très jeune en Californie, et en 1968 il rejoint l'American Indian Movement.

Dès le début des années 1970, il va organiser des manifestations théâtrales restées célèbres, comme une veillée de prière sur les immenses statues représentant des têtes de présidents américains sur le Mont Rushmore, dans son État natal. Il aide aussi à lancer en 1972 une grande marche sur Washington et à occuper le Bureau des Affaires indiennes afin d'attirer l'attention des médias sur un siècle de traités non respectés et de lutte pour l'autodétermination.

En 1973 il conduit l'occupation durant 71 jours de Wounded Knee, lieu d'une triste opération militaire de 1890 au cours de laquelle près de 350 Amérindiens de la tribu Lakota furent tués par l'armée des États-Unis.

Mais Means a aussi ses côtés sombres, et il relate dans son autobiographie son combat contre la drogue et l'alcool. S'il est acquitté en 1976 des charges de complicité d'assassinat lors d'une rixe dans un bar, il passe un an en prison pour s'être battu avec la police.

Malgré l'éclatement de l'American Indian Movement à la fin des années 1970, le militant continuera son combat, voyageant même au Nicaragua pour soutenir les revendications des indiens Miskito face au gouvernement sandiniste.

En 1987, Means brigue la nomination du Parti libertarien pour la candidature à la présidence des États-Unis et obtient un soutien considérable, mais est finalement battu par Ron Paul.

Russell Means commence sa carrière d'acteur sur le tard en 1992, incarnant notamment le chef Chingachgook dans The Last of the Mohicans, ou faisant des apparitions dans Natural Born Killers et Into the West. Il prête aussi sa voix au personnage du père de Pocahontas dans le dessin animé à succès de Disney.